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Le regard Perrenoud

A la retraite depuis quelques jours, l'ancien président du comité de direction revient sur «42 ans de bonheur» Depuis le 1er février, Roger Perrenoud n?appartient plus au comité de direction de l?Ecole secondaire régionale de Neuchâtel (ESRN), qu?il a présidé pendant dix ans. Atteint l?été dernier dans sa santé, il a obtenu d?être mis à la retraite anticipée. Et puisque son successeur Alain Zosso n?a pas encore pris ses fonctions, il profite de ce début de retraite pour lui laisser un bureau en ordre. Entre deux rangements, il revient sur son parcours d?enseignant et de directeur.

07 févr. 2006, 12:00

Vous partez plus tôt que vous ne l?auriez imaginé ne serait-ce qu?il y a une année. Comment vivez-vous ce début de retraite anticipée?

Roger Perrenoud: Je ne regrette pas ma décision d?arrêter, ni celle d?être revenu dans ce bureau en octobre. Ne pas reprendre le travail eût été une faute. Là, j?ai pu terminer normalement, achever un certain nombre de choses et dire au revoir à l?école et à ceux qui y travaillent. Et ça se passe d?autant mieux que je pars durant une période de l?année relativement détendue.

Qu?avez-vous changé dans le fonctionnement de l?ESRN?

R.P.: Mon prédécesseur a vécu l?époque de l?extension en bâtiments. C?était aussi l?époque des «Principes unitaires» de l?ESRN. Une véritable bible, à suivre à la lettre! Ces «Principes» existent toujours, mais j?ai essayé d?introduire la subsidiarité dans leur application.

Et quels ont été les changements non institutionnels, ceux que vous n?avez pas provoqués, mais auxquels l?école a dû s?adapter?

R.P.: Depuis 1990, on a fait croire aux adolescents qu?ils étaient des adultes. On a vu qu?ils constituaient un marché intéressant, et la pub s?est adressée directement à eux. Du coup, ils se sont sentis importants, on leur a donné davantage la parole, et ils s?expriment davantage. Evidemment, les enseignants ont dû s?adapter et, d?une certaine façon, ils ont dû changer de métier.

Quelles satisfactions garderez-vous de votre mandat de président du comité de direction?

R.P.: J?ai apprécié d?avoir pu faire une école événementielle, où l?on sort de temps en temps de la routine scolaire. Ce sont des événements comme un anniversaire de l?institution ou le Malithon, qui créent le visage de l?école. Dans un autre registre, la création et l?extension à tous les centres du service socioéducatif ont permis, non pas de faire disparaître les élèves difficiles, mais au moins de les faire prendre en charge par des spécialistes.

Un regret?

R.P.: Quand je suis devenu président du comité de direction, je m?étais promis d?assister à au moins une leçon de tous les maîtres de cette école. C?était aussi une manière de reconnaître leur travail. Je n?y suis malheureusement pas parvenu.

Une étude récente dit que la violence se banalise chez les adolescents. Est-ce que ça correspond à ce que vous avez vécu comme directeur?

R.P.: L?étude en question concerne une population de 15 à 25 ans. Il ne faut pas tout mélanger: à 25 ans, on n?est plus un adolescent. Par ailleurs, une autre étude indique que l?école reste encore un îlot de sécurité. Ceci dit, il est vrai par exemple, qu?auparavant, le sang était un tabou: quand quelqu?un saignait, la bagarre s?arrêtait. Ça n?est plus le cas aujourd?hui. D?un autre côté, le travail sur le thème de «L?école citoyenne» ? avec les valeurs partagées du dialogue, du respect et de la tolérance ? a eu des effets positifs.

Votre successeur va devoir gérer l?augmentation de l?effectif des classes...

R.P.: Le Conseil d?Etat dit qu?il ne doit pas y avoir de tabou en matière d?économies. Moi, j?ai entendu pendant 42 ans que la seule matière première de notre canton était la formation. Alors, je pense qu?il doit y avoir un tabou: c?est l?école obligatoire. / JMP

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