Lors des crues spectaculaires du mois dernier, le Service d'hydrologie bernois estimait que la situation des Trois-Lacs pourrait rester «critique» au moins jusqu'à la mi-mai. L'évolution météorologique est certes difficilement prévisible, admet Pierre-André Reymond. Mais aujourd'hui, sauf si un brusque et fort réchauffement faisait fondre les neiges à 4000 mètres et s'accompagnait «d'un déluge peu probable», la situation lui paraît «rassurante». Après avoir atteint 430m25 le 14 avril, soit 75 centimètres de plus que le niveau habituel à pareille saison, le lac affichait depuis une quinzaine de jours un niveau plus proche de la moyenne saisonnière calculée depuis 1983. Avec quelques soubresauts normaux par temps de pluie.
Les marques blanches laissées sur l'empierrement des rives par les limons en suspension témoignent des très hautes eaux de ce printemps. Ces crues succédaient, on s'en souvient, à une longue période marquée par un déficit de précipitations. Les réserves d'eau potable s'étaient vidées de manière inquiétante. Mais ce n'est plus qu'un mauvais souvenir.
«Les nappes souterraines se sont bien reconstituées, même si toutes ne sont pas à 100% de leur capacité», évalue Pierre-André Reymond. Selon lui, le fait que les rivières et, au bout, les lacs aient rapidement réagi aux pluies du week-end dernier montre bien que le sol est saturé d'eau. Celle-ci est pourtant largement pompée par la végétation, qui a très soif en période de croissance printanière.
«La nappe phréatique affleure le sol et la nappe artésienne, plus profonde, n'est plus qu'à deux mètres de son niveau maximum», confirme Johny Burger, chef d'exploitation du Syndicat des eaux du Val-de-Ruz Est (Sevre). Sous un sol gelé moins profondément qu'on l'imaginait, la nappe artésienne a regagné onze mètres de profondeur en l'espace de deux mois. Ce phénomène a été brusquement accéléré dès la mi-avril par la fonte des neiges.
Dans la vallée de La Brévine également, le puits de la Porte-des-Chaux est bien remonté. «On espère en tout cas être tranquille pour cette saison, commente le conseiller communal brévinier Rémy Grether. Mais la nappe connaît un déficit chronique. Un été très sec pourrait nous ramener des soucis.» Si la sécheresse s'installait à nouveau pour trois ou quatre mois, acquiesce Johny Burger, le niveau des eaux souterraines «redescendra aussi vite qu'il est remonté.» La nature n'a donc peut-être pas dit son dernier mot. / AXB