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A côté de la plaque?

Pour avoir modifié ses plaques d?immatriculation, Pascal Gurtner comparaissait hier matin devant le Tribunal de police. En minijupe et bas résille. Une manière frontale d?assumer sa personnalité et d?exiger le respect Vous avez cru voir un homme en bas résille? Erreur. «Je suis une femme masculine, corrige Pascal(e) Gurtner. J'ai toujours eu un comportement très féminin, avant même mon adolescence.» Père de trois enfants, âgés de 6 à 18 ans, carrossier de formation, Pascal(e) Gurtner était hier matin prévenu(e) d'infraction à la loi sur la circulation routière.

10 sept. 2006, 12:00

L'après-midi, il riait encore de la tête de la greffière et du président du tribunal, Alain Rufener. «Ce matin, je les ai désarmés!, pouffait Pascal(e). Ils étaient sciés!» Ni l'un ni l'autre n'ont su s'il fallait lui donner du «Madame» ou du «Monsieur». «Pour finir, ils n'ont rien dit!» Et qu'auraient-ils dû faire? «C'est quelque chose de logique: quand on voit un camion, on va pas dire: oh, qu'elle est belle, la bicyclette...» Comprenez que peu importe le bruit du moteur. «C'est ça la société: toutes les différences font la normalité...», ponctue la jeune vamp en secouant sa crinière blonde.

En tenue de combat...

Toujours habillé(e) en femme, Pascal(e) reconnaît toutefois avoir fait un effort particulier pour s'asseoir face au président Rufener. «Je ne m'habille pas toujours aussi sexy. Mais suivant les conditions, on est obligé de dépasser les limites.» Pour le tribunal, Pascal(e) avait en quelque sorte sorti la tenue de combat. Bas résille, minijupe noire et décolleté plongeant. «Il s'agissait de casser le point G!», allusion au point du litige qui occupait le tribunal hier matin. Une marque noire que Pascal(e) a apposée entre deux numéros de la plaque minéralogique de son véhicule rose Barbie. La manipulation ayant pour but de faire ressortir le chiffre 156, en référence à son site internet.

Deux agents de police chaux-de-fonniers l'avaient verbalisé(e) en mars dernier. Résultat, une amende de 300 francs, que Pascal(e) jugeait injuste. «Rien ne dit qu'on a le droit de le faire. Mais rien ne stipule qu'on n'a pas le droit non plus!», résumait Pascal(e), fort(e) de ses «expériences de vie et de ses connaissances au niveau des lois.»

«J'ai une telle expérience des mesquineries... Il faut rester digne et savoir se défendre!»

Hier matin, l'automobiliste a réexpliqué au tribunal avoir fait cela en rapport avec son site internet, qui contient le chiffre 156. Le point noir séparant celui-ci du chiffre 14, «qui rappelle la Saint-Valentin».

Estimant que «même s'il s'agit d'un cas limite, on peut admettre que la lisibilité des plaques n'a pas été affectée, de sorte que les normes en la matière ont été respectées, en tout cas par rapport au but qu'elles visent», le tribunal a écarté la prévention, acquittant Pascal(e) et laissant les frais à la charge de l'Etat.

«Il a été juste. Digne d'un juge. Il est resté neutre et a fait son boulot correctement», a salué Pascal(e) en fustigeant «le Ministère public, à côté de la plaque - c'est le cas de le dire - et les officiers de police qui avaient, en outre, persisté à [l]'appeler «monsieur». Pascal(e) avait alors intenté une action en justice contre les deux fonctionnaires, qu'elle taxait d'homophobes. Mais le substitut du procureur général de Neuchâtel, Nicolas Aubert, n'avait pas donné suite à sa plainte.

«J'ai subi une telle pression, j'ai une telle expérience des mesquineries des autorités, prétendument intouchables. Moi aussi, je suis intouchable. Il faut rester digne et savoir se défendre!».

Hypermédiatisé(e)

Si l'anonymat est un droit fondamental des prévenus des tribunaux de police et correctionnel, Pascal(e) a fait le choix d'être médiatisé(e). «Je suis déjà hyperconnu(e)! Vous ne vous rendez pas compte! Je suis déjà partout!» En Suisse romande, quantité de journaux se sont effectivement intéressés à Pascal(e). En 2002, Fernand Melgar lui consacrait même un film très émouvant, «Remue-ménage». «Le but de ma démarche, c'est d'apprendre à tout le monde à se respecter les uns les autres! C'est pas compliqué.»

A tous les démunis, marginaux ou pas, Pascal(e) engage: «Ne soyez pas impressionnés par les autorités. Quand on vous harcèle ou qu'on vous manque de respect, il ne faut pas vous laisser faire!» /SYB

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