Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Une farce tragique et cynique

Fortiche! En deux heures, Nora Giroud, alias Yvonne, princesse de Bourgogne ne prononce qu'une seule phrase. «Fous-moi le camp», dit-elle pour chasser le seul homme qui se déclare amoureux d'elle.

07 mai 2006, 12:00

Dans la pièce de Witold Gombrowicz, mise en scène par Yves Bourquin pour le Groupe de théâtre du lycée Denis-de-Rougemont, les personnages tournent autour d'une femme vide, un peu comme les galaxies s'organisent autour d'un trou noir.

C'est finalement leur humanité qui s'engloutira dans ce non-être. Par le meurtre d'Yvonne dont ils se rendent collectivement responsables.

L'argument: le prince Philippe se fiance avec Yvonne, une jeune femme dont personne ne veut, tant elle est vilaine, molle, désagréable et indifférente. Il le fait par défi, pour prouver sa puissance et affirmer sa liberté.

Mais Yvonne, dépressive, muette, incapable de toute interaction avec le monde qui l'entoure est un miroir qui renvoie aux membres de la cour de Bourgogne l'image de leurs vices secrets.

Le plus magnifique dans tout ça, c'est la maîtrise dont font preuve les jeunes comédiens. Si tous n'ont pas la même présence scénique, tous, en revanche, habitent le texte. Christian Mukuna est parfait en chambellan obséquieux et cynique. La mise en scène, d'une sobriété totale, a le mérite de ne pas divertir le spectateur de l'essentiel: la drôlerie, la férocité et l'intelligence de Gombrowicz, impitoyable critique du monde cruel qui l'inspire et formidable inventeur du théâtre. / lby

Théâtre du Passage (petite salle), encore ce soir à 18h

Votre publicité ici avec IMPACT_medias