Si la réaction de la Ville a été immédiate pour éviter que pareille tragédie ne se reproduise sur l'un de ses chantiers, des voix s'élèvent aussi pour dénoncer ce qui est considéré comme une condamnation excessive. L'employeur du chef de chantier annonce volontiers qu'il soutiendra son ouvrier dans l'éventualité d'un recours. Or, cela est techniquement impossible pour le moment. Car le jugement n'est pas encore entré en vigueur.
La sentence a, certes, été prononcée par le président du tribunal. Mais oralement uniquement, lors de l'audience de jugement. A ce jour, les deux condamnés attendent toujours de recevoir les considérants du jugement par écrit. «On réclame ce jugement chaque quinze jours, mais nous ne voyons rien venir. En attendant, c'est dramatique pour notre employé», se lamente l'entrepreneur. L'avocate en charge du dossier confirme que «très vraisemblablement on s'achemine vers un recours».
Même son de cloche, ou presque, auprès des autorités locales, qui gardent pleine confiance en leur policier. Celui-ci a du reste conservé son poste et ses obligations professionnelles à la suite du jugement. Au Service juridique de la Ville, on ne cache pas ses intentions: «Oui, la Ville songe à recourir contre la sentence du tribunal», indique le chef de service.
Le président du tribunal de Neuchâtel est bien conscient du retard que prend ce dossier. «Dans un cas simple, on peut se contenter d'une rédaction sommaire après le prononcé oral», indique Nicolas Marthe. Dans ce cas, comme il a été annoncé qu'un recours serait vraisemblablement déposé, le magistrat tient à ce que ses motivations écrites soient des plus précises. Cela prend du temps, d'autant que les moyens de preuve administrés n'ont pas manqué durant ce procès et que le jugement comporte plusieurs points d'interprétation. «Compte tenu des enjeux et de la gravité des faits, ce dossier nécessite une attention particulière. Ceci, également par respect de la famille du cycliste décédé», éclaire le juge. Qui assure que le projet de rédaction est pratiquement terminé. «Il sera envoyé dans quelques semaines», garantit Nicolas Marthe. Les deux condamnés auront alors vingt jours pour décider du dépôt d'un recours. / STE