Actuellement, son coefficient fait de Marin-Epagnier la commune neuchâteloise la plus avantageuse sur le plan fiscal. «Nous avons longtemps pu vivre avec ça grâce aux revenus générés par les nombreuses entreprises installées sur notre territoire, rappelle Laurent Lavanchy. Mais des décisions cantonales ont baissé leur imposition. Puis la péréquation financière intercommunale est venue pénaliser les communes avec un faible coefficient fiscal.» Résultat: les déficits se succèdent depuis 2002, avec une plongée particulière en 2003 (2,66 millions de francs).
Ces déficits ont fait passer la fortune nette de 14,7 millions en 2000 à 9 millions l'an dernier. Parallèlement, des investissements tels que ceux consentis pour la Construction scolaire à usages multiples (Csum) ont fait grimper la dette de 14,3 millions en 2000 à 40,9 millions en 2005.
La réduction de l'excédent de charges à 930.000 francs en 2005 ne doit pas donner l'illusion que les comptes communaux vont se rééquilibrer naturellement. Notamment parce que les dernières modifications de la péréquation chargent Marin-Epagnier de 500.000 francs supplémentaires par rapport à son budget 2006, l'excédent de dépenses pourrait, même avec la hausse fiscale, atteindre 1,72 million pour 2007, avant de diminuer jusqu'à 220.000 francs en 2010.
L'exécutif qualifie donc sans hésiter le déficit de «structurel». Il rappelle également qu'une hausse du coefficient fiscal n'a pas pour seule vertu de faire rentrer de l'argent dans la caisse. Il permet aussi à la commune de «limiter» sa contribution à la péréquation financière. Une contribution qui pompera cette année 37,3% des recettes fiscales de Marin et qui représentera un cinquième de ses charges.
A supposer qu'aucune autre commune ne touche à son coefficient la hausse de 47 à 55% maintiendrait Marin-Epagnier dans les cinq communes fiscalement moins lourdes du canton. Le passage à 59% lui permettrait encore de rester dans les dix premières.
Pour un Marinois vivant seul et disposant d'un revenu imposable de 33.000 francs, la première étape de la hausse (de 47 à 55%) représenterait une augmentation de son bordereau de 187fr20 par an, la seconde (de 55 à 59%) un surplus de 93fr60. Des contribuables mariés gagnant 79.000 francs devraient mettre 549fr85 de plus pour la première étape, 274fr95 pour la seconde. Aux yeux du Conseil communal, ils contribueraient ainsi au maintien des prestations et de l'autonomie de leur commune, qui y garderait son «statut de commune dynamique».
A l'inverse, un refus de la hausse entraînerait, «à terme» une mise sous tutelle par l'Etat, «une dilapidation de la fortune communale», la «suppression de prestations». Elle rendrait impossible la fusion avec Thielle-Wavre et pourrait faire de Marin-Epagnier une «commune ingouvernable».
Laurent Lavanchy sait que ce message ne sera pas facile à faire passer. «Il est bien plus facile de dire aux gens que l'argent est mieux dans leur poche.» Mais, rappelle-t-il, «ils doivent aussi se souvenir que les prestations communales ne sont pas gratuites.» / JMP