Frappés de plein fouet par l’extension du certificat Covid annoncée ce mercredi 8 septembre par le Conseil fédéral, les voix des milieux de la culture, des loisirs et du sport balancent entre colère, scepticisme et compréhension.

Théâtre: «Nous réfléchirons à des alternatives»

Le théâtre du Casino et de la Grange, au Locle, avait décidé de ne pas recourir au pass sanitaire. Principalement par souci «éthique». L’obligation d’y recourir contrarie forcément sa directrice, Ophée del Coso.

«Nous pourrons remplir nos salles, mais on n’est pas content de le faire comme ça», relève Ophée del Coso. «Nous allons réfléchir à des alternatives, mais ce sera compliqué.»

La directrice s’attend à perdre une partie de son public. «Après l’annonce du Conseil fédéral, nous avons reçu en l’espace de dix minutes trois demandes de personnes souhaitant annuler leur abonnement. Je reste convaincue qu’il serait sanitairement plus utile de continuer d’imposer le masque et les gestes barrières, y compris pour un public assis.»

Cinéma: «Les gens reviendront»

«On ne jubile naturellement pas. Mais, nous devons faire preuve d’une grande solidarité pour sortir de cette crise et revivre normalement en 2022», explique Edna Epelbaum, présidente de l’Association suisse du cinéma.

L’exploitante de salles dans les cantons de Neuchâtel, Berne et du Jura redoute une baisse du nombre de spectateurs. «Surtout dans les premières semaines. Mais, les gens vont revenir et ça contrebalancera ceux qui refusent le certificat. C’est ce qui se passe avec les événements sportifs: on voit des stades pleins.»

Edna Epelbaum est soulagée que le certificat Covid ne s’étende pas aux moins de 16 ans. «Cela aurait divisé les familles.»

Selon la patronne de cinémas, il ne faut pas sous-estimer le travail et les frais supplémentaires qu’occasionnera le nouveau régime. «Et il faudra prolonger les aides à la culture l’année prochaine.»

Il faudra montrer patte blanche pour profiter des salles obscures. Archives Lucas Vuitel

Centre de loisirs: «Ça va être une galère»

«Au niveau de la gestion, ça va être une galère», prévoit Claude-Alain Maureau, patron des centres de loisirs Fun Magic et Fun Laser, à La Chaux-de-Fonds et Saint-Blaise. «Si nous devons engager un employé pour contrôler les gens, ça n’ira pas.»

«En 15 mois d’exploitation, on a été fermé pendant neuf mois», rappelle Claude-Alain Maureau. «Nous vivons au jour le jour. On essaie de payer nos charges, mais on ne gagne pas sa vie. Et là, avec ce qu’on nous recolle, je ne sais pas comment on va travailler cet hiver.»

La grande inconnue, c’est donc comment vont réagir les clients. «J’en ai déjà qui m’ont fait comprendre que s’il y avait un pass sanitaire, ils ne viendraient plus chez nous. Ce que l’on offre, c’est de l’amusement, les gens peuvent s’en passer.»

Fitness: «On ne veut pas risquer l’amende ou la fermeture»

L’extension du pass sanitaire dans les fitness va être compliquée à gérer, avec une clientèle qui paie la plupart du temps un abonnement annuel. Faut-il rembourser les clients ou prolonger leur abonnement? Chez Esprit Fitness, à Marin, aucune décision n’a encore été prise à ce sujet. Cédric Bertholet, le patron, est conscient qu’il perdra du chiffre d’affaires, mais reste dans le flou quant à l’impact à moyen terme de cette mesure.

«On va se battre pour perdre le moins d’argent possible et pour ne licencier personne», souligne-t-il. Le boss a prévenu ses trente employés: ils devront avoir un certificat valide pour venir travailler.

Les premières semaines seront un peu plus compliquées à gérer.

Cédric Bertholet, patron d’Esprit Fitness

Cédric Bertholet avait déjà anticipé l’arrivée de cette mesure depuis deux semaines. Les clients pourront «débloquer» sur une application ou un système de gestion leur accès à la salle et aux cours en présentant leur certificat Covid. Une fois enregistrés, ils pourront accéder facilement aux prestations jusqu’à la fin de la validité de leur pass. «Les premières semaines seront un peu plus compliquées à gérer», présage-t-il.

A La Chaux-de-Fonds, c’est encore très flou pour Lionel Tosalli, patron de Tosal Gym. «On était en train de reprendre gentiment. Je ne sais pas combien de clients sont concernés, on verra bien…», lâche-t-il, un peu désemparé. Le jeune entrepreneur pense qu’il devra sûrement allonger ses journées pour vérifier le pass de ses clients hors des heures de présence des coaches. «On n’est pas là pour faire la police, mais on ne veut pas risquer l’amende ou la fermeture.»

Lionel Tosalli, patron de Tosal Gym, est encore dans le flou. Archives Muriel Antille

Clubs sportifs: mesures déjà en vigueur

Les décisions du Conseil fédéral ne changent pas la donne pour les principaux clubs sportifs du canton. Le HC La Chaux-de-Fonds (HCC), Neuchâtel Xamax, le NUC et Union Neuchâtel adoptent déjà la formule avec le passeport sanitaire.

«Pour nous, c’est la meilleure solution», déclare André Prébandier, membre du comité d’Union Neuchâtel. «Cela permet d’accueillir un maximum de spectateurs sans masque et ils peuvent consommer librement à nos buvettes.»

Neuchâtel: un rencard pour le monde de la culture

Se rencontrer, échanger et réfléchir: tels sont les objectifs du nouveau rendez-vous annuel de la culture en ville de Neuchâtel. La première édition questionnera la création en période de pandémie.