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L'art du légume

La terre, c'est sa passion. Avec ses produits aux formes et couleurs fantaisistes, Marc Challandes se fait l'ambassadeur de la biodiversité Kiwis épais comme des raisins, carottes blanches, tomates dorées, ou encore aubergines rondes comme des boulets de canon Vous ne rêvez pas. Une myriade d'autres spécimens de ce genre de drôles de fruits et légumes ornent les étalages multicolores du maraîcher neuchâtelois Marc Challandes.

08 nov. 2006, 12:00

Malgré leurs apparences inhabituelles, ces étranges végétaux sont pourtant tout ce qu'il y a de plus naturel. Ils témoignent simplement de l'extraordinaire biodiversité qui existe dans la nature, souvent oubliée des consommateurs, habitués au choix limité de variantes de fruits et légumes que leur proposent les rayons des supermarchés.

Carottes violettes

«Dans l'esprit de la plupart des gens, une carotte ne peut qu'être orange. Mais il en existe en fait une bonne centaine de variétés différentes, dont des blanches, des jaunes, des violettes, et même des roses!», explique le maraîcher de Savagnier, qui en cultive six différentes sortes dans son potager. Il est par exemple le seul à produire en Suisse la carotte violette au coeur arc-en-ciel. Lorsqu'on la coupe, sa peau couleur aubergine révèle un centre orangé.

Délices pour les yeux, ces fruits et légumes peu communs réservent aussi d'agréables surprises pour le palais. «Chaque variété a une saveur qui lui est propre. Par exemple, les minikiwis ont un goût sensiblement plus fin que leurs cousins. La carotte blanche est aussi plus douce que l'orange», observe Marc Challandes.

Des chefs restaurateurs du canton ont vu l'intérêt que pourrait présenter ce cocktail de goûts et de couleurs originales. A l'instar de Georges Wenger, du Noirmont, qui s'approvisionne chez le maraîcher.

Véritable passionné de la terre et de ses insoupçonnées richesses, Marc Challandes trouve ses idées en consultant des ouvrages sur la biodiversité. «J'utilise beaucoup internet, qui est un excellent moyen de découvrir de nouvelles espèces», remarque le maraîcher, qui trouve aussi son inspiration dans les différents marchés d'Europe qu'il fréquente. Voyages qui sont également l'occasion de trouver des fournisseurs de légumes originaux. «Le plus difficile, confie Marc Challandes, c'est de trouver les semences pour ce type de plantes, qui sont relativement rares».

Le poids des habitudes

Autre obstacle qui freine sa soif d'innovation: le poids des habitudes. Les clients qui fréquentent ses étalages aux marchés de Neuchâtel, Valangin et La Chaux-de-Fonds ne sont pas toujours friands de changement. Comme l'explique le maraîcher: «Les consommateurs aiment rarement essayer des variétés de légumes différentes de celles qu'ils connaissent déjà.» Présentation soignée des étalages, conseils de préparation, dégustation: souvent ses efforts ne suffisent pas à modifier la routine. Marc Challandes doit donc trouver d'autres moyens, plus persuasifs. «Je vais parfois même jusqu'à glisser une carotte blanche ou violette dans le sac de mes clients pour qu'ils se décident d'y goûter!»

Si les moeurs sont parfois difficiles à changer, le maraîcher se réjouit pourtant de constater, au fil des marchés, que les jeunes sont de plus en plus intéressés par ses légumes originaux. Bien qu'il ne soit pas toujours aisé au début de lancer les modes, le nouveau créneau que Marc Challandes est en train d'ouvrir a, selon lui, de beaux jours devant lui. La relève ne se situe d'ailleurs pas que du côté de la clientèle, puisque Xavier Challandes, 15 ans, rêve de reprendre l'exploitation paternelle: «Comme mon père, j'ai attrapé le virus de la terre!» / SSA

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