Elle n'a peut-être rien d'une station alpine française, la vieille ville de Moutier, elle sait néanmoins faire la fête au vélo tous terrains. Hier matin, la cité prévôtoise accueillait la 5e édition du Garmin Bike Marathon.
N'est pas marathonien du deux roues qui veut. Plus de 100 km de chemins escarpés, 4000 m de dénivelé et six heures à mouliner pour les plus rapides: une telle sortie dominicale ne s'improvise pas. Hier, ils ont été nombreux, sans doute trop gourmands, à devoir poser pied à terre après deux tours et à être ainsi déclassés dans la catégorie inférieure des 87 km.
Nicolas Lüthi abdique
Première victime de choix, Nicolas Lüthi, contraint de déclarer forfait à l'entame de l'ultime boucle alors qu'il pointait en 4e position. Troisième il y a 12 mois, vainqueur en 2008, le leader de la Wind Romandie Bike Cup connaissait pourtant le combat à livrer. «Après trois heures de course, j'ai lâché. Je n'avançais plus.» Le Neuchâtelois s'en allait en cours de route, comme il y a peu sur le Grand Raid. Sans trop de regrets, puisqu'après neuf des dix manches du championnat, il est d'ores et déjà assuré de remporter un nouveau titre. «Quand on n'a plus de force, sur une course de deux heures, on peut encore s'en sortir. Ici, c'est impossible», justifie-t-il.
Longtemps groupé, le peloton de tête a éclaté à mi-parcours, conséquence notamment d'une mésaventure survenue à Roger Beuchat. Le «pro» de la route a la poisse en VTT. Hier, il a été victime d'une crevaison, comme en 2009. Il perdait ainsi cinq minutes sur son principal contradicteur Frédéric Frech à rafistoler son pneu arrière aux deux tiers du circuit. Relégué alors à 8'18, le Jurassien levait le pied dans le final, quittait même l'aire d'arrivée sans s'être arrêté pour, frustré, rejoindre son véhicule.
Devant, l'Alsacien n'avait dès lors plus qu'à gérer son effort. Aurait-il connu un autre sort si Beuchat n'avait pas dû faire face à une défaillance technique? «Je lui suis supérieur dans la descente. Dans les montées, il a essayé plusieurs fois de me larguer, sans jamais y parvenir.» La réponse du Français est sans équivoque. Malgré un tracé réduit de quelques kilomètres et un temps resté sec jusqu'à l'arrivée des meilleurs, le chrono référence de Jérémie Huguenin (5h35' en 2010) n'a jamais été approché.
Pourtant, Frech n'est de loin pas un inconnu dans le milieu du VTT. Il a fait partie par le passé du gratin mondial dans la discipline marathon. «Il y avait quatre ou cinq types costauds ici», relevait-il après coup. «On s'est tiré la bourre pendant trois heures. Au lieu d'y aller tranquille, on a vite été dans le dur. Et si je me suis retrouvé seul sans le vouloir, j'ai toujours eu peur que cela revienne derrière. Je m'attendais à une course plus roulante. J'avoue que j'ai été surpris par la difficulté.» Il n'a de toute évidence pas été le seul. / jbi