Une récolte était organisée samedi devant onze centres commerciaux du canton par les Cartons du coeur. Cette organisation de bénévoles vient en aide depuis 1993 aux personnes qui, dans le canton, n'arrivent momentanément pas à subvenir à leurs besoins.
«Avec l'évolution conjoncturelle et sociale, le besoin est toujours aussi pressant, et même davantage, évalue le vice-président de l'association, Tony Gigandet. Toujours plus de jeunes sans travail demandent notre appui, et beaucoup de femmes qui élèvent seules leurs enfants.»
«Tout le monde ne s'en rend pas assez compte, mais il y a aussi chez nous des gens qui n'ont pas suffisamment à manger», s'émeut une dame qui dépose farine et thon en boîte à la rue de l'Hôpital, à Neuchâtel. «Je trouve que c'est une noble cause», ajoute un père de famille en donnant «des choses essentielles», comme des pâtes ou du riz. «Nous avons la chance de ne pas être en situation de devoir demander de la nourriture, renchérit une jeune femme, avec trois petits enfants. Alors je trouve bien de faire un geste, même petit. Si chacun s'y met, ça prend de l'importance.»
«Les Neuchâtelois sont généreux, se réjouit Gilbert Grüring, secrétaire des Cartons du coeur. Ça conforte les bénévoles dans leur engagement.» En plus de denrées non périssables et de produits d'hygiène (savon, shampoing, dentifrice), des passants ont glissé des sous dans la tirelire. Cet argent sert à acheter des produits alimentaires frais en cours d'année ou des bons dans des commerces qui ne vendent ni alcool ni tabac.
Les Cartons du coeur se basent sur la confiance, partant du principe que les gens qui les appellent au secours ont un vrai problème. L'an dernier, ils ont distribué pour 110.000 francs de marchandises (33 tonnes) à un peu plus de 1400 personnes. Au besoin, cette aide d'urgence peut être accordée deux fois, mais il ne s'agit pas d'un suivi durable. Les bénévoles aiguillent aussi les demandeurs sur les services sociaux privés ou publics.
A Peseux, deux jeunes hommes entrent en vitesse au supermarché, juste pour acheter un pique-nique. Ils en ressortent avec plusieurs paquets de nouilles et les offrent à l'oeuvre caritative. «Si on a les moyens de partager, commentent-ils sobrement, il faut le faire.» / AXB