L'Eglise réformée neuchâteloise est à un tournant de son histoire

Comment continuer de jouer un rôle dans un canton marqué par l'histoire réformée, alors qu'une majorité de ses habitants ne se réclament plus d'elle? L'Eglise réformée évangélique neuchâteloise veut aborder la question dans une «vision prospective». La législature qui s'ouvre avec le Synode de demain pourrait marquer un tournant dans son histoire. Surmonter ses difficultés financières tout en développant une vision renouvelée d'elle-même: tel est le double défi qui attend l'Eglise réformée évangélique neuchâteloise (Eren). A la veille de présenter au Synode ses premières «visions prospectives», le pasteur Gabriel Bader, président du Conseil synodal, explique la difficulté de mener les deux dossiers en parallèle. Il exprime aussi sa confiance dans la capacité de l'institution protestante à clarifier sa mission.

26 juin 2007, 12:00

Si l'on s'en tient au seul problème matériel, oui. Le processus de redimensionnement pour raisons financières a d'ailleurs déjà été entamé. Mais si l'on prend en considération des difficultés plus profondes, c'est non. Cela impliquera un changement de mentalité, qui prendra dix ans au minimum.

Pour le Conseil synodal, il est fondamental de poser un constat et de définir un objectif. Que voulons-nous faire de l'Eglise protestante? Un tas de personnes tentent de poser chacune un constat différent. Si nous ne nous mettons pas d'accord, nous courons à la catastrophe. Certains disent que notre Eglise est malade. Ce n'est pas notre constat. Dans sa manière d'aborder la crise, elle est plutôt en bonne santé. Il n'y a qu'à voir le sérieux avec lequel ont réagi nos ministres, qui sont d'une loyauté exemplaire. D'autres, puristes, estiment qu'elle est corrompue. Ce n'est pas non plus notre constat.

Notre société a évolué et le plus gros changement, c'est que l'Eglise protestante est devenue minoritaire dans la population neuchâteloise. Ce qui était valable en 1943, à la naissance de l'Eren, ne correspond plus à la réalité d'aujourd'hui. On n'est plus, presque de fait, membre de l'Eglise. Nous devons définir de nouvelles pistes, afin de montrer plus clairement que nous comptons sur la participation de nos membres.

Oui. On donne maintenant une image d'Eglise dispensatrice de services. Quand on a besoin d'elle, on tire la sonnette et on a droit à un service.

Des pistes de réflexion existent. Est-ce le rôle de l'Eglise, par exemple, d'accomplir des services funèbres pour des gens qui n'en sont pas membres? Ou qui ne l'ont pas soutenue financièrement alors qu'ils en auraient eu les moyens? La réponse est oui, mais à quelles conditions? Chaque fois que nous explorons une telle piste jusqu'au bout, nous nous rendons compte que cela nous renvoie une image de l'Eglise. Et nous ne pourrons pas simplement définir des principes généraux. A chaque service sa réflexion particulière. Peut-on facturer un baptême, par exemple? Baptiser quelqu'un, c'est l'accueillir dans notre Eglise. Faire payer un accueil: est-ce cette image de l'Eglise que l'on veut? / SDX