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Violentés pour un Ipod

Deux costauds terrorisent deux jeunets sur un banc. L'un tape, l'autre sort un couteau et les menace de mort. Ils se font remettre portables, MP3 et menue monnaie «ABruxelles, un jeune homme de 17 ans a été tué pour son lecteur MP3. Près de 80.000 personnes ont défilé dans les rues en guise de protestation.» Le substitut du procureur général, Nicolas Aubert, aurait également pu se référer à la mort du jeune Chaux-de-Fonnier Michael, à la gare d'Yverdon-les-Bains, pour dénoncer «ce manque absolu de respect d'autrui» qu'il reprochait à l'un des deux prévenus qui a comparu, mercredi, devant le Tribunal correctionnel de Neuchâtel; son acolyte a été jugé par défaut, il serait retourné entre-temps dans son Irak natal.

07 mai 2006, 12:00
Absence d'introspection

La scène se déroule le 15 novembre écoulé, au quai Ostervald, à Neuchâtel. Les deux prévenus repèrent deux jeunes devisant sur un banc. Ils les abordent dans le but de trouver quelque herbette à fumer. N'obtenant pas satisfaction, la rencontre dégénère, des coups généreusement dispensés par le futur fuyard s'abattent sur les deux jeunes. Loin de tenter d'apaiser la situation, son complice sort un couteau et menace de mort les deux jeunes.

«Je n'ai pas déployé la lame. Car je ne voulais pas utiliser mon couteau», assure le prévenu, un costaud de 22 ans, sans formation ni profession. C'est toutefois plus que suffisant pour intimider les deux jeunots, les délester de leur téléphone portable (dont l'un finira dans le lac!), d'un lecteur MP3 Ipod, de 35 centimes à l'un et de 5 francs à l'autre...

«Mais quelle mouche vous a piqué?», questionne le président du tribunal. «Moi-même je ne comprends pas...», bafouille le prévenu tout en tentant de minimiser la portée de son intervention. «Ça c'est passé comme ça, Monsieur le juge», répète-t-il tant et plus. «Ouais, ouais...», renâcle Pierre Aubert, en relevant le manque patent d'introspection du prévenu. «Vous n'avez pensé qu'à vous ce 15 novembre, pas à ces deux garçons. Ils étaient à votre service et n'avaient pas le droit d'exister!», gronde le juge.

Sursis de justesse

A l'époque, l'affaire avait paru suffisamment grave à la justice pour clouer les deux brigands trois bonnes semaines en détention préventive. Fallait-il les y renvoyer en prononçant une peine ferme, d'autant que le duo s'est encore signalé en contraignant, une semaine plus tard, un petit dealer à leur remettre quelques dizaines de grammes de marijuana? Cela n'a pas fait un pli pour le délinquant en cavale. Les jurés l'ont condamné à neuf mois ferme d'emprisonnement. Une mesure assortie d'une expulsion du territoire durant trois ans.

Moins impliqué, le prévenu présent à l'audience du tribunal n'a pas échappé à la qualification «odieuse» de ses gestes. Le tribunal a toutefois bien voulu croire à son repentir sincère. «C'est ma dernière chance... Je ne suis pas un criminel... J'arriverai à m'en sortir... La détention préventive m'a beaucoup fait réfléchir», a-t-il assuré.

Les jurés ont entendu dans ses déclarations un début de scrupules et fixé la peine à neuf mois de prison avec sursis. La durée probatoire courra sur quatre ans. «A la moindre infraction, vous devrez purger la peine prononcée», a averti une dernière fois Pierre Aubert. / STE

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