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Roland de Pury, Juste et pasteur

Roland de Pury ou le destin d'un Juste. Officiant à Lyon durant la Seconde Guerre mondiale, ce pasteur neuchâtelois aidera de nombreux juifs. Une conférence lui rend aujourd'hui hommage pour le 100e anniversaire de sa naissance. Tout jeune, il avait rêvé d'être auteur; il sera finalement pasteur. Un pasteur engagé, qui sauvera de nombreux juifs durant la Seconde Guerre mondiale et sera honoré du titre de Juste des nations par Israël. Retour sur le destin hors du commun de Roland de Pury.

18 nov. 2007, 12:00

Après des études de lettres à l'Université de Neuchâtel, le jeune homme connaît une sorte de conversion, d'appel. A l'automne 1929, il part étudier à Paris la théologie protestante. Il sera consacré le 22 avril 1934, à la cCollégiale de Neuchâtel. Puis départ pour le petit village de Moncoutant, en Vendée.

En décembre 1938, il s'installe après moult hésitations dans ce qu'il considérait comme «l'une des plus lugubres grandes villes d'Europe»: Lyon. De sa paroisse de la rue des Terreaux, il prêchera, beaucoup, cet amoureux de l'Hexagone. Des sermons militants qui engagent sa sécurité et celle de ses proches.

«Mieux vaudrait la France morte que vaincue», lance-t-il d'ailleurs dans un sermon datant de juillet 1940, après la débâcle française. L'un de ses fils, Philippe de Pury, reconnaît: «Il était très incisif en paroles». De paroles, il en sera d'ailleurs beaucoup question durant ces années lyonnaises, sous l'Occupation. A ses prêches, paroissiens et résistants se rendent pour écouter ce pasteur qui évoque sans détour les travers de l'époque.

Mais Roland de Pury fait plus encore que prêcher: il agit. Sa demeure sert de lieu de transit pour des réfugiés juifs qu'il accueille pour quelques jours ou quelques semaines. Philippe de Pury, qui avait 8 ans en 1943, se souvient: «Ce qui est sûr, c'est qu'il y avait beaucoup de passage. Nous le voyions surtout lors des repas.» Et de s'étonner encore: «En tant qu'enfants, nous n'étions au courant de rien. C'est extraordinaire, quand on y pense. C'était une protection totale, voulue et réussie par nos parents.»

La vérité sur cette foule défilant dans leur maison, Philippe de Pury ne la découvrira qu'après la guerre. «J'ai appris les faits par bribes. C'est un camarade de lycée, juif lui-même, qui m'a dit un jour, en 1947: «Ton père a sauvé beaucoup de juifs». En moi-même, je me demandais bien comment.» Mais de soupçons durant la guerre elle-même, rien! «Si quelqu'un avait voulu enquêter sur mon père, j'aurais été incapable de dire quoi que ce soit.»

Roland de Pury agira près de trois ans sans être inquiété, jusqu'à ce 30 mai 1943, où il est arrêté par la Gestapo et enfermé au Fort Montluc. Cinq mois d'incarcération qui donneront naissance à son «Journal de cellule».

Le 28 octobre 1943, Roland de Pury est libéré à la frontière entre l'Autriche et la Suisse, échangé avec d'autres contre des espions allemands. Il retrouve sa femme et ses six enfants en Suisse, alors que son épouse et ses deux cadets avaient franchi la frontière en catimini près de Genève pour rejoindre ensuite Neuchâtel. Après un an, la famille retourne à Lyon, en octobre 1944.

Des motivations de son père, Philippe de Pury dit simplement: «Ne rien faire, c'était contraire à sa mission.» / CBX

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