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Leçon d'humanité en direct au Tribunal de police

La justice se rend publiquement. Il est des jours, comme hier, où le prévenu doit s'expliquer avec une vingtaine de paires d'yeux braqués sur ses épaules. Suivre une audience fait partie du cursus de nombreuses structures de formation. La justice, comment ça marche? Pour le savoir, on peut suivre un cours ou lire des livres. Mais rien ne vaut l'expérience vécue. Une vingtaine d'apprenties employées de commerce du CPLN ont pu apprécier la pertinence de l'adage, hier matin au Tribunal de police de Neuchâtel.

11 avr. 2008, 12:00

Avant de faire entrer le prévenu, le président du tribunal, le juge Pierre Aubert, a expliqué aux jeunes femmes - toutes en apprentissage dans des services de l'administration publique - le b.a.-ba de la justice en suisse et dans le canton.

Le cas jugé hier matin est limpide. M. X. travaillait pour La Poste. Il puisait de l'argent dans la caisse. Il revendait aussi aux clients des timbres neufs rachetés à un antiquaire en dessous de leur valeur faciale. Au total, le préjudice pour La Poste se monte à 33 000 francs.

Avant même l'audience, le juge avertit son auditoire: «M. X. ne risque rien.» Et d'expliquer son assertion, en apparence choquante. «Il n'a jamais commis d'infraction.» En tant que délinquant primaire, le sursis lui sera automatiquement accordé. «Donc, quand il partira d'ici, il sera dans la même situation que lorsqu'il est entré. Mais», corrige-t-il, «on aura quantifié sa faute».

L'audience commence. Place au prévenu. Il entre, en même temps que son défenseur. Le juge connaît le dossier. Il n'empêche. Le prévenu ne fait pas tapisserie. Le juge l'interroge. En tant que chef du bureau postal concerné, l'homme avait seul accès à la caisse principale. Il a échappé à un premier contrôle car, averti à l'avance, il a pu «faire une avance de fonds fictive pour que ça joue».

Il dit avoir toujours imaginé qu'il pourrait rembourser ce qu'il avait «emprunté» à la caisse. Bien sûr, sans jamais y arriver. Et pourquoi tout ça? Consommer davantage que ce que l'on gagne, achats à crédit, coups du sort entraînant des dépenses imprévues, endettement, l'engrenage classique.

Aujourd'hui, il a perdu son travail. Il gère un petit commerce en indépendant. Il gagne entre 2000 et 2500 fr. par mois, au lieu de 6300 fr. auparavant.

Le juge condamne l'ex-cadre postal à six mois de peine privative de liberté, avec sursis durant deux ans, à quoi s'ajoutent 2000 fr. de frais. Il renonce à prononcer une peine d'amende.

«Le tribunal a tenu compte que vous vous êtes beaucoup nui à vous-même.»

La peine prononcée semble bien peu de chose à une partie de l'assistance. «La relation entre la faute commise et la quotité de la peine est un peu artificielle», reconnaît le juge. D'ailleurs, «la justice des hommes est très relative... Il serait intéressant de faire un jour juger une même cause par quatre juges différents.»

L'essentiel est ailleurs, toutefois: «L'homme que vous avez vu a été découvert, il a passé une nuit en prison, a été interrogé, a perdu son travail. Ici, il a été jugé avec un certain cérémonial. L'expérience montre qu'une peine avec sursis a une incidence.» / LBY

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