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Larbi Guesmi acquitté

01 juin 2011, 09:41

Le Tribunal régional de Boudry a acquitté hier l'opposant tunisien Larbi Guesmi, réfugié en Suisse et domicilié à Neuchâtel, des accusations de «provocation publique au crime» formulées par le Ministère public. Les frais sont mis à la charge de l'Etat.

Tout à la fin de l'année dernière, le journal «24 Heures» dénonçait l'«apologie de la violence» contenue dans un poème de Larbi Guesmi. Un poème diffusé en langue arabe sur un site réunissant des opposants tunisiens au régime du président Ben Ali.

Condamnation et recours

L'accusation partait d'un passage du texte où l'auteur évoquait les «ceintures sacrées, la ceinture explosive pour les gens qui trahissent», selon la traduction donnée par le journal, pour qui la connotation terroriste paraissait suffisamment claire.

Le Ministère public avait apparemment le même sentiment puisqu'il a aussitôt ouvert une instruction pénale pour «provocation publique au crime» (poursuivie d'office). Après audition du prévenu, il le condamnait, début février, à une peine avec sursis et à une amende.

Mais Larbi Guesmi a fait recours et, début mai, il a répondu durant trois bonnes heures aux questions de la présidente du Tribunal régional de Boudry, Nathalie Kocherhans. Le jugement était toutefois renvoyé au 31 mai.

Hier, donc, la présidente a rendu ses conclusions. En commençant par rappeler qu'elle avait mandaté un traducteur-juré «indépendant et neutre» pour préciser le sens général du poème et des termes utilisés. Il en est ressorti que la langue poétique arabe permettait des interprétations très différentes d'un même mot, en fonction du contexte et de la tournure utilisée.

Selon le traducteur-juré, le passage incriminé signifiait davantage «détermination à détruire» (la tyrannie) que «ceinture explosive» (de kamikazes terroristes). Pour le tribunal, on ne pouvait dès lors pas déduire de ce poème qu'il y avait, chez Larbi Guesmi, une intention concrète ou non de provoquer un crime.

Ce qui pouvait encore être un bénéfice du doute est devenu intime conviction du tribunal, au vu du parcours de militant de Larbi Guesmi. Opposant torturé puis exilé et réfugié, il n'a œuvré qu'au sein d'organisations de défense des droits de l'homme, pour le rétablissement de l'Etat de droit et de la démocratie en Tunisie.

«Laid et inquiétant»

La présidente a déploré le fait que - sur la base d'une simple traduction tronquée - Larbi Guesmi ait été assimilé à un terroriste par des mouvements islamophobes en Suisse comme les Jeunes UDC valaisans. Une campagne de dénigrement qu'elle a qualifiée de «laide et inquiétante».

Les frais d'avocat et le préjudice économique sont mis à la charge de l'Etat. Tout comme la réparation du tort moral, dont Larbi Guesmi doit encore évaluer le montant. L'affaire est ainsi close, à moins que le Ministère public ne fasse recours. Dossier transmis au nouveau procureur général Pierre Aubert, le démissionnaire, Pierre Cornu, ayant quitté ses fonctions... hier à midi. / fnu

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