Installée dans le train touristique de Neuchâtel, Alma Macpherson, Australienne, s'extasie devant la collégiale. «J'ai visité le Musée d'horlogerie de La Chaux-de-Fonds, le Musée des Beaux-Arts et les automates Jaquet-Droz», énumère-t-elle, enchantée.
Autour d'elle, de nombreux Français passent une journée dans la région. Lysiane Charrière, de Grenoble, aime le côté «calme, chaleureux et reposant» de Neuchâtel. Au port, Christian Locatelli, de France voisine, scrute les horaires des bateaux. «Ici, c'est deux en un: les plaisirs de la montagne, et du lac!» Un groupe de Vaudois s'installe sur une terrasse du débarcadère. «J'aime cette pierre jaune, la vieille ville et ses balcons en fer forgé», s'enthousiasme Evelyne Richir, de Lausanne.
Depuis début juillet, les touristes sont nombreux à visiter le canton. Voire particulièrement nombreux. «A mon avis, il y a davantage de touristes que les autres années», constate Yvan Mérat, le chauffeur du petit train touristique du chef-lieu. «Ce sont plutôt des Européens. En premier lieu des Français et des Suisses, puis des Hollandais, Allemands, Italiens, Espagnols et Portugais. En juillet, je n'ai jamais vu autant de touristes portugais que cette année! Visiblement, l'Euro 2008 fait son effet.»
Jean-Claude Durig, propriétaire de la compagnie de navigation sur le lac des Brenets, confirme. «Il y a du monde. Et cette année, on a davantage d'étrangers, surtout des Français. Je le vois au nombre d'euros dans ma caisse. Certains soirs, il y a plus d'euros que de francs suisses!»
Selon lui, cette tendance est liée à l'envolée de la monnaie européenne face à la faiblesse du franc suisse. «Nos collègues français, qui proposent aussi des croisières pour le Saut-du-Doubs mais depuis Villiers-le-Lac, travaillent moins bien que d'habitude. Le bateau est plus cher chez eux que chez nous.»
Quasi même constat aux moulins souterrains du Col-des-Roches. «Le mois de juillet est excellent. Nous travaillons de plus en plus avec la France. Notre caisse compte plus d'euros que d'habitude», indique la conservatrice Caroline Calame. Elle ajoute qu'auparavant, certains Français «faisaient la grimace» en voyant les prix d'entrée. «Maintenant, ce n'est plus du tout le cas.»
Pierre Vallvé, de Paris, a suivi la route des vins, en Alsace. Et en a profité pour passer en Suisse. «J'ai fait le marché ce matin à Neuchâtel: c'est le coin le plus pittoresque de la ville. Ici, tout est plus reposant.» Et pour lui, la découverte des prix en Suisse a été «une bonne surprise».
Aux Mines d'asphalte de Travers, on relativise. Matthias von Wyss estime que cette «légère augmentation» du tourisme est «davantage due à la bonne météo de juillet qu'à la cherté de l'euro».
Alors, l'intérêt pour la région est-il une histoire d'argent et de taux de change? Jérôme Longaretti, responsable marketing de Tourisme neuchâtelois: «Le cours avantageux du franc suisse face à l'euro est effectivement bénéfique pour le tourisme. Mais à cela s'ajoutent le climat de consommation favorable et les importantes manifestations comme l'Euro 2008 en juin ou le Festival choral international en août.»
L'année 2007 a été la meilleure que le canton ait jamais faite, avec 228 922 nuitées. «En 2008, on s'achemine vers un été en tout cas aussi bon que 2007. Voire meilleur.» / VGI