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Les langues se délient après l'agression du chauffeur de bus

Plusieurs conducteurs des TN révèlent leur quotidien après l'agression du chauffeur de bus tabassé il y a dix jours à Neuchâtel. Christian Pierret a été frappé en 2004 par un déséquilibré, à tel point qu'il n'a pas pu retourner au travail durant une semaine. Ces employés manifestaient hier leur ras-le-bol à la place Pury, lors d'une action «Stop agression» organisée par le Syndicat du personnel des transports. «C'était en 2004. Je roulais devant l'Unip, à Neuchâtel, quand un type a voulu monter dans le bus alors qu'il n'y avait pas d'arrêt. L'homme a poursuivi le véhicule en le bourrant de coups. A l'arrêt Saint-Honoré, il est monté à l'arrière du bus en hurlant. Les voyageurs ont eu peur et sont descendus.»

20 juil. 2007, 12:00

«Le type m'a donné un premier coup de poing, puis il m'a littéralement sauté dessus. Il m'a frappé, m'a cassé mes lunettes et s'est enfui. Je n'étais pas blessé, mais complètement sous le choc. J'ai dû cesser de travailler durant une semaine. Puis j'ai recommencé, avec la crainte de me faire agresser une nouvelle fois.»

Christian Pierret, chauffeur aux TN, participait hier à l'action «Stop agression» mise sur pied par le Syndicat du personnel des transports (SEV) pour condamner l'attaque dont a été victime un conducteur il y a dix jours à Neuchâtel (lire notre édition de mercredi). «Mon collègue s'est fait tabasser par un automobiliste (réd: un père de famille) parce qu'il avait soi-disant oublié de mettre son clignotant! Vous voyez, il n'est pas le seul à avoir été frappé. Les violences que nous subissons sont toujours plus fréquentes», témoigne cet habitant de Cortaillod. «La solution? Je ne sais pas. On vit dans une société de fous...»

Notre vidéo: journée de soutien sur la Place Pury, à Neuchâtel, pour un chauffeur de bus agressé Journée de soutien pour un chauffeur de bus agressé - L'Express et L'Impartial
Journée de soutien pour un chauffeur de bus agressé - L'Express et L'Impartial

Hier dans le stand du syndicat installé à la place Pury, et destiné à informer les passants des pressions que subissent les chauffeurs professionnels, de nombreux employés des TN y allaient de leurs expériences. «Un gars m'a lancé une cannette de bière contre la vitre. Ça m'a bien secoué», témoigne Fabrice. «Des gens qui nous traitent de connard ou nous font le doigt, ça arrive tous les jours», ajoute l'un de ses collègues.

En Suisse romande, la situation est telle qu'«il n'est pas rare de voir des gens tomber en arrêt maladie», témoigne Christian Fankhauser, secrétaire syndical. «Se faire insulter une fois, deux fois, trois fois parce que le bus est en retard, ça va. Mais quand c'est tous les jours, ça devient insupportable.»

Jean-Pierre Etique, secrétaire du SEV, constate que les agressions contre les employés des TN augmentent «de façon impressionnante», même si les actes physiques sont «heureusement encore rares». «Les conflits ont lieu aux heures marginales», ajoute-t-il. «Et ils sont souvent liés à la consommation d'alcool.»

Quelle solution apporter à ce phénomène? «Il faut réintroduire des contrôleurs», répondait hier un passant, sensible à l'action du syndicat. Un avis partagé par André Borel, chauffeur retraité. «A l'époque, nous étions toujours deux agents par véhicule. Le chauffeur et un contrôleur. Et je peux vous dire que les incivilités étaient rares...»

Renforcer la présence d'agents dans les véhicules: c'est justement ce que demande le Syndicat du personnel des transports après l'agression du mardi 10 juillet. «Nous voulons également que les autorités engagent d'avantage de policiers aux arrêts à risque», ajoute Jean-Pierre Etique.

Du côté des TN, on estime impossible d'engager des agents de sécurité supplémentaires. Ce qui a le don de fâcher le syndicat, dépité de constater que «l'argent est prioritaire sur la sécurité des employés».

La compagnie mise davantage sur l'effet dissuasif des caméras. «Il est manifeste», expliquait mardi Jimmy Erard, chef d'exploitation des TN. «C'est pourquoi nous équipons actuellement cinq nouveaux véhicules de vidéosurveillance.» /VGI

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