En saut d’obstacles, il n’y a pas que le cheval qui fournit des efforts. Les cavaliers sont aussi sollicités physiquement. Ils sont toujours plus nombreux à suivre une préparation physique spécifique. A l’instar de Bryan Balsiger (24 ans) qui s’astreint à des séances spécifiques depuis une bonne année avec l’entraîneur Pierre Socchi. Et cela donne des résultats.

«Lorsque j’ai sollicité Pierre Socchi, je souffrais passablement de mes adducteurs et au bas du dos», raconte le vainqueur du Prix du mérite sportif neuchâtelois 2021. «Depuis que je suis cette préparation, ce n’est pratiquement plus le cas. Je couple cette démarche avec des soins réguliers auprès d’un ostéopathe.»

Les cavaliers sont souvent des sportifs qui s’ignorent.

Bryan Balsiger, cavalier neuchâtelois de l’élite

Spécialiste en athlétisme, Pierre Socchi s’adapte aux demandes spécifiques de son client. S’il connaît un peu l’équitation pour monter parfois à cheval au manège du Cudret, grâce à son épouse, cavalière passionnée également, le préparateur français découvre peu à peu les spécificités de l’hippisme.

«Je connaissais Bryan Balsiger depuis quelques années puisqu’il faisait partie de mes élèves lorsqu’il était à l’école à Corcelles», précise ce professeur de sport. «Quand il était plus jeune, il pratiquait aussi l’athlétisme, il a toujours adoré le sport en général. Il possède de bonnes capacités physiques de base et un très bon sens de l’équilibre comme presque tous les sportifs d’élite. Dans son sport, il doit surtout faire en sorte de rester fluide et agile dans sa gestuelle.»

«Un complément»

A raison d’une séance hebdomadaire commune, à laquelle se joint souvent Ken Balsiger (le frère aîné de Bryan), le cavalier neuchâtelois travaille dans divers axes, avec comme objectif principal le renforcement général. Et il reprend certains des exercices effectués avec Pierre Socchi à titre individuel deux fois par semaine. Il s’astreint aussi à des étirements pratiquement chaque jour. «En fait, les cavaliers sont souvent des sportifs qui s’ignorent», glisse Bryan Balsiger.

Lors de la séance d’entraînement à laquelle nous avons assisté à Corcelles, le cavalier neuchâtelois a surtout travaillé la coordination, le gainage, l’équilibre, la souplesse et la force dynamique, qu’elle soit explosive ou concentrique afin de mieux encaisser les chocs subis sur sa monture. Et Bryan Balsiger, qui possède un grand sens de l’équilibre, s’en sort très bien.

«L’objectif de base est d’améliorer mes aptitudes physiques afin d’aider le plus possible mes chevaux durant l’effort», précise Bryan Balsiger. «Je suis cette préparation comme complément à mon sport. Cela fait partie des choses qui peuvent faire la différence à haut niveau. Je peux aussi mieux récupérer après les épreuves et éviter certaines blessures ou douleurs.»

Bryan Balsiger effectue des exercices pour améliorer sa détente et aussi la réception des sauts. Photo: Lucas Vuitel

Apprendre à enchaîner les efforts

Les cavaliers, dont les journées de travail s’étalent sur plusieurs heures (entre 3 et 6 heures quotidiennement), doivent apprendre à gérer la fatigue à long terme. «Lors d’un concours, nous participons à plusieurs épreuves avec des chevaux différents et il faut à chaque fois procéder à un échauffement avant d’entrer sur le parcours principal», raconte Bryan Balsiger.

«Ensuite, pendant deux minutes, l’intensité des efforts est très élevée sur les gros parcours. Il m’arrive d’être vraiment essoufflé après une grosse épreuve. Je dois d’ailleurs m’améliorer dans ce domaine afin de mieux gérer les efforts lorsque ceux-ci s’enchaînent comme sur un Grand Prix ou un grand championnat.»

Poids à surveiller

Dans ce domaine, Bryan Balsiger travaille sa condition physique en pratiquant le cyclisme ou la course à pied lorsque son calendrier très chargé le lui permet. Pierre Socchi soumet parfois Bryan Balsiger à certains exercices d’haltérophilie, afin de travailler sa vitesse et sa coordination. Pas pour augmenter sa masse musculaire.

Un cavalier doit en effet surveiller son poids afin que sa monture ne «transporte» pas une charge trop élevée lors des sauts. «Je n’ai pas trop de problèmes pour l’instant à ce niveau», sourit le cavalier neuchâtelois qui pèse 72 kg pour 179 cm. «Je peux bien manger sans prendre un gramme et sans me soumettre à un régime strict.»

Rigueur nécessaire

Néanmoins, Pierre Socchi encourage son athlète à faire attention à son alimentation et son hydratation. Bryan Balsiger a intégré tout cela dans son programme et il l’applique avec la plus grande rigueur possible. «Cela peut me permettre de durer plus longtemps dans ce sport», souligne-t-il. «Les cavaliers présents sur le circuit depuis de nombreuses années ont une grande rigueur de travail.»

Cette démarche permet aussi d’éviter certaines grosses blessures, même si en hippisme les chutes sont parfois inévitables. Bryan Balsiger en sait quelque chose puisqu’il s’est déchiré une fois l’adducteur gauche, qu’il a été victime de deux grosses commotions cérébrales, d’une fracture à une cheville et d’un hématome à un rein. L’hippisme demeure donc risqué au niveau physique et il vaut mieux apprendre à en limiter les risques.

Hippisme: Bryan Balsiger recule au classement mondial

Bryan Balsiger occupe le 41e rang au classement mondial des cavaliers. Le Neuchâtelois a reculé de quatre rangs en décembre.