«Je suis favorable aux concours, car s'il n'y en a pas, la production risque de tourner en rond, avec une prime à la médiocrité», analyse Eric Beuret. En même temps, leur multiplication représente une fuite en avant. Et je ressens un certain désarroi chez des encaveurs.»
Dilemme: certains concours distribuent facilement des médailles, mais leur crédit s'en trouve limité. L'accès à d'autres compétitions «coûte un saladier» et les promesses de promotion demeurent aléatoires.
Le tarif d'inscription avoisine en moyenne 250 francs par vin. Et il faut souvent présenter quatre ou cinq bouteilles par cru en compétition, explique Violaine Blétry-de Montmollin, à Auvernier. Malgré tout, le grand domaine familial, dont l'oeil-de-perdrix vient d'obtenir le troisième rang des rosés au concours national, participe bon an mal à six à dix concours.
«D'obtenir des distinctions, ça nous stimule, de même que notre équipe, relèvent Pierre et Jean-Michel de Montmollin. C'est un encouragement à faire toujours mieux.» Les frères pensent aussi que les médailles, qui suscitent des comparaisons et «une saine concurrence» entre encaveurs, poussent globalement le vignoble neuchâtelois vers le haut.
Côté promotionnel, le domaine d'Auvernier a édité un flyer avec les 17 distinctions régionales, nationales et internationales obtenues en 2006 par dix de ses crus. Ces mentions semblent être un argument de vente auprès des restaurateurs et grossistes. Et côté grand public?
«Pour le consommateur, il peut être difficile d'évaluer les différences entre un concours et un autre», évalue Edmée Necker, directrice de l'Office des vins et des produits du terroir. Cependant, la maison de Montmollin voit davantage ces distinctions et leur écho médiatique comme une promotion globale de son travail. Elle ne pose d'ailleurs des médailles autocollantes que sur deux ou trois de ses vins primés, opération qui coûte entre 10 et 20 centimes par bouteille et prend du temps.
«La Coop nous a demandé d'apposer sur notre chardonnay 2004 la médaille d'argent qu'il a obtenu aux Vinalies internationales de Paris 2006», confie cependant Violaine Blétry-de Montmollin. A l'heure où les deux tiers des bouteilles de vin vendues en Suisse le sont en grande surface, les marques des concours auxquels participent régulièrement une quinzaine d'encavages neuchâtelois pourraient donc être commercialement porteuses. / AXB