A 32 ans, Igor Blaska est père de famille et copropriétaire des célèbres clubs lausannois Le MAD et L'Amnesia. Mais ses premières armes en tant que DJ et organisateur de soirées, il les a faites à Neuchâtel. En toute modestie et sans effets de stroboscope, il raconte l'impressionnant parcours accompli au côté de son complice et associé de toujours, Olivier Fatton, également neuchâtelois d'origine.
Tout a commencé à la fin des années 1980, sur le Littoral neuchâtelois. «J'ai toujours été un passionné de musique et j'avais plein de disques. Avec des copains, j'ai commencé à animer des soirées dans les fêtes villageoises, à Bôle ou à la Boudrysia, avec la «discomobile». Ensuite, j'ai passé des disques au Centre de loisirs et au Rateau-ivre, à Neuchâtel.» Puis, Igor entre par la grande porte au Casino de la Rotonde. Entre 1992 et 1995, il mixe les vendredis et samedis soir dans la grande salle, notamment lors du très fréquenté Bal des étudiants. «C'était la période du concept quatre salles - quatre ambiances, avec la grande salle, pour les jeunes branchés, le pub La Cave aux moines, un restaurant et le Penny Lane, un club pour les plus de 28 ans, raconte-t-il. Une entrée bon marché à 10 ou 15 francs permettait l'accès à toutes les salles.»
En forme de clin d'oeil, Igor Blaska note que ce concept se retrouve dans ses salles lausannoises, avec le King Size (pub), la Zapoff Gallery (pour les plus de 28 ans) et le MAD (grande salle). «La Rotonde de l'époque m'a fait comprendre qu'il en fallait pour tous les goûts.»
A mesure que le phénomène techno prend le dessus, au fil des années 1990, Igor laisse peu à peu tomber les platines du DJ. «Pour moi, c'était de la musique «boum boum», comme on dit. Cela ne me correspondait plus. J'ai toujours apprécié la musique facile d'accès, populaire, celle qu'on entend à la radio. Je ne suis jamais entré dans les univers très pointus de la techno.»
Il se lance alors dans l'organisation de soirées, à la Rotonde, mais aussi à l'extérieur, avec la grande rave party «Atlantis», dont plusieurs éditions se déroulent au CIS de Marin. C'est ainsi qu'il commence à se constituer un impressionnant carnet d'adresses des grands DJ. «Cela marche par le bouche-à-oreille. Nous avions bonne réputation et par ailleurs d'excellentes relations avec la Ville et la police cantonale.»
Aujourd'hui, Igor Blaska avoue n'avoir plus gardé beaucoup de contacts avec Neuchâtel, si ce n'est une parenthèse «Atlantis» pendant Expo.02. «On est partis au bon moment, remarque-t-il. Juste après, à Neuchâtel, il y a eu cette paranoïa des décibels et ces patrouilles de police interpellant les passants à la sortie des clubs, ce qui a pas mal plombé l'ambiance.»
Depuis leur entrée aux commandes du MAD en 1996, Igor et Olivier se sont fait une belle place sous la lune lémanique. «Les fondateurs du MAD, Pascal et Monique Duffard, nous ont fait confiance et nous ont dit: «Allez-y, exprimez-vous!» Et cela leur a plutôt bien réussi. Les deux compères ont de la suite dans les idées: en 2000, ils lancent l'Amnesia et la Zapoff Beach dans le bâtiment de la Voile d'or à Lausanne-Vidy.
Depuis quelques années, Igor a cédé à l'appel des platines et mixe régulièrement dans ses fiefs lausannois, en s'interdisant toutefois de s'octroyer la grande salle du MAD, réservée aux invités. Cet été, sa deuxième compilation caracole en tête des hit-parades helvétiques.
Mais les parfums de la réussite ne lui sont pas montés à la tête. Lorsqu'on lui demande la recette de sa success story, il répond simplement: «Disons que j'ai eu la chance d'être au bon endroit au bon moment.» /CPA