Gilbert Pingeon, qu'est-ce que ça vous fait de recevoir un tel prix?
G.P.: Ça me fait plaisir, ça veut dire que des gens apprécient ce que vous faites. Si j'avais reçu un prix à 35 ans (réd: il en a 30 de plus...), j'aurais sauté de joie! Ça me fait aussi plaisir pour le bouquin, ce d'autant que ce n'est pas un livre facile. Ça va le relancer.
C'est difficile d'éditer de la littérature en Suisse romande?
G.P.: Il s'édite d'excellentes choses en Suisse romande, mais on en parle peu. Il n'y a pas de volonté des journaux de présenter ce qui s'écrit ici. Ça me chagrine toujours de voir qu'on préfère consacrer une demi-page pour dire du mal du dernier Amélie Nothomb... C'est frustrant de se trouver en face d'une espèce de rouleau compresseur français, contre lequel on ne peut rien faire, mais aussi d'assister à une sorte de repli régionaliste ici en Suisse romande. Nous sommes les Indiens des Genevois, qui, eux-mêmes, sont des Indiens pour les Français.
Alors, quelle solution?
G.P.: On devrait considérer les éditeurs romands comme des acteurs culturels. Les quatre (réd: l'Aire, l'Age d'homme, Zoé et Campiche) sont dans une situation financière très difficile. Le jour, pas très éloigné, où ils auront disparu, ce sera dans l'anonymat général? La défense d'une identité culturelle romande est insuffisante. Nous sommes isolés, alors que la littérature devrait permettre d'ouvrir. / SDX