Pour les habitants de la chaussée Isabelle-de-Charrière, des rues Guillaume-Farel et de la Coquemène, ainsi que de l'ouest du quai Jeanrenaud, à Neuchâtel, le paysage et même l'environnement immédiat vont, cet été, singulièrement changer: en août, le portail est du tunnel de Serrières de l'A5 commencera à recevoir sa dalle de couverture en béton. Une dalle aux rôles multiples, dont assurer la liaison piétonnière entre les habitations et le lac n'est pas le moindre.
«Mais cette dalle recevra aussi le tronçon de la nouvelle route cantonale, qui longera d'abord le nord de l'autoroute, puis passera par-dessus le portail avant de reprendre, mais sur deux pistes, le tracé actuel au nord de Philip Morris», décrit Adrien Pizzera, ingénieur cantonal adjoint et responsable du projet au Service cantonal des ponts et chaussées.
Une fois l'ouvrage terminé, cette dalle ne ressemblera guère à une dalle. Pour en faire, aussi, une zone de verdure, elle recevra «une épaisseur de terre qui pourra aller jusqu'à trois mètres», ajoute l'ingénieur. C'est dire qu'on ne plaisantera pas avec la qualité de sa réalisation. «On avancera par pas de douze mètres. Après chaque pas, il faudra atteindre dix jours avant de décoffrer.»
Dans le tube nord, le bétonnage de la voûte se fait également par étapes de douze mètres. Mais là, une journée suffit pour pouvoir décoffrer et avancer à nouveau de douze mètres.
Une dalle recouvrira également le portail d'Auvernier. Mais avec une fonction plus simple, si l'on peut dire: elle supportera également le nouveau tracé de la route cantonale, ainsi que la sortie de l'autoroute direction Bienne et l'entrée direction Lausanne. Un giratoire permettra la distribution des différentes voies de trafic qui surplomberont l'autoroute. «Il va de soi, rappelle Adrien Pizzera, que les couvertures des deux portails permettront également de réduire le bruit qui arrivera aux habitations voisines.»
Les quantités spectaculaires de béton coulées dans les portails ne servent pas seulement à guider la future autoroute dans une «boîte» solide. Deux stations de pompage permettront à chaque extrémité du tunnel, de séparer les eaux claires d'eaux éventuellement polluées. Un local technique doit également trouver place au-dessus du portail de Serrières.
«Sauf pour la maintenance ou l'entretien, personne ne viendra dans ces locaux, précise Adrien Pizzera. Toute la gestion et les commandes de l'appareillage électromécanique se fera depuis le bâtiment de la Police neuchâteloise, aux Poudrières.»
La gestion de l'eau environnante n'est d'ailleurs pas une petite affaire. Il faut évidemment empêcher qu'il «pleuve» dans les tubes. Mais aussi que l'eau vienne par en dessous inonder les portions de chaussée situées sous le niveau du lac. «Nous voulons en outre éviter que le tunnel ne draine l'eau qui circule dans le massif et qu'elle s'accumule ensuite dans les points bas. Même si les tubes coupent la pente, l'eau souterraine doit pouvoir circuler le plus naturellement possible vers le lac.»
A coup de couches de PVC soudées et de couches de protection contre l'abrasion, on soigne donc beaucoup l'étanchéité des tubes. Ce qui n'empêche pas qu'ingénieurs et ouvriers tiennent le planning. «Nous avons connu quelques petits problèmes lors de la construction des tubes de liaison nord-sud. Mais nous avons pu maintenant rattraper ce retard.»