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L'invasion germanique n'aura pas lieu

Chaque semaine, et plongent dans leurs archives. Nous vous proposons aujourd'hui de revenir sur la fin d'un mythe, celui d'une invasion germanique de l'Arc jurassien.

15 juin 2010, 10:23

«J'ai passé mon enfance à Lignières, où je me souviens d'avoir baigné dans cette inquiétude de la germanisation», témoigne Frédéric Chiffelle. Ce professeur de géographie humaine à l'Université de Neuchâtel s'exprime ainsi dans les colonnes de «L'Express-L'Impartial» du 13 juin 2000 sur une étude dont il est l'auteur: «L'Arc jurassien romand à la frontière des langues. Faut-il craindre la germanisation?»

La réponse est claire selon lui: c'est un mythe. Il y a bien eu un mouvement de germanisation, avec un point culminant dans les années 1880-1888, dû à l'industrialisation (horlogère) de l'Arc jurassien. Mais au cours du 20e siècle, ce mouvement s'est évanoui. Pour le prouver, Frédéric Chiffelle s'est penché sur les recensements de la population, où l'on trouve des données sur la langue maternelle, et a analysé les chiffres «pour les districts qui bordent la frontière linguistique»: Porrentruy, Delémont, Moutier, Courtelary, La Neuveville et Neuchâtel. «Si l'on excepte les six hameaux occupés depuis la Réforme par les anabaptistes, le nombre de Suisses allemands n'a cessé de reculer partout pour atteindre en 1990 un taux moyen de moins de 10%», affirme le professeur. Les deux raisons principales de ce recul: d'une part, l'assimilation des personnes de langue allemande au point que le français est devenu la langue qu'elles pratiquent le plus; deuxièmement, la perte d'attractivité économique de la région.

Une assimilation favorisée par le travail - l'industrie horlogère étant essentiellement francophone - mais surtout par l'école. Une fois le premier enfant scolarisé, «ce dernier impose le français» à ses parents, explique Frédéric Chiffelle, «notamment parce qu'il a souvent honte de parler suisse allemand devant ses copains».

Les archives des quotidiens neuchâtelois sont accessibles via www.arcinfo.ch/archives

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