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Les chars vont s'emballer

Clou de la Fête des vendanges, le corso fleuri de dimanche est le résultat d'un immense travail. Aux commandes, Claude Botteron, 84 ans, s'inquiète pour la relève et lance quelques pistes pour renouveler la fête Ça coupe, ça colle, ça soude. Le chantier naval du Nid-du-Crô est en effervescence. Dans une semaine, ce qui se construit ici défilera en ville. Pour le moment, tout n'est qu'ossatures, ferraille, sagex et bois brut.

17 sept. 2006, 12:00

Vendredi et samedi prochains, des dizaines de «piqueurs» (lire ci-dessous) revêtiront les véhicules de quelque 350.000 fleurs. Sur les 18 chars fleuris du corso, 14 sont construits ici. Les sponsors, qui placarderont leur logo sur les véhicules terminés, en financent entièrement le coût, entre 8000 et 12.000 francs.

Aux commandes, Claude Botteron, 84 ans, a l'oeil à tout. Hier, seize ouvriers s'affairaient sur le chantier. «Ils seront 20 la semaine prochaine.» Le constructeur n'a pas droit à l'erreur et, surtout, il ne peut pas livrer ses créations en retard. S'il faut, chacun mettra le turbo.

Les constructeurs de chars forment une équipe soudée. Certains ouvriers participent à l'aventure depuis des années.

Parmi eux, José Leandro Lima, 66 ans, vient spécialement du Portugal pour la vingtième année d'affilée.

«J'ai travaillé cinq ans à Gals dans un restaurant, puis un an chez Claude Botteron à la culture des fleurs. En 1985, je suis retourné au Portugal. Mais, depuis, je reviens chaque année pour construire les chars». A ses côtés, six de ses compatriotes ont aussi été atteints par la fièvre du char. Aucun ne vit en Suisse. Tous viennent spécialement pour la Fête des vendanges.

La complicité est totale entre le patron et ses ouvriers. «Je n'ai jamais dû m'énerver avec mon personnel», affirme Claude Botteron. En revanche, admet-il en riant, «je ne sais toujours pas un mot de portugais, même pas bonjour!»

Claude Botteron emploie également un ou deux étudiants. L'un d'eux, Cédric Jecker, étudie la psychologie à Genève. «C'est une place de rêve», se réjouit-il. Le salaire est convenable, d'autant plus que le repas de midi est offert.

Autre membre de cette équipe, Yvan Flühman est horloger. Les chars, il est tombé dedans quand il était petit. Et pour cause, il n'est autre que le petit-fils de Claude Botteron. Va-t-il prendre la relève? «Aïe, aïe, aïe, s'exclame le patron, la relève, c'est la question qu'on me pose tous les jours!» Et la réponse? «La relève est pratiquement impossible. Comment voulez-vous trouver quelqu'un qui consacre tout ce temps, sans rien gagner? Ce travail, il faut le faire comme un hobby, il faut que ce soit un plaisir. Et mon petit-fils est horloger, je ne sais pas s'il pourrait reprendre.»

Alors, le corso fleuri va-t-il s'éteindre lorsque Claude Botteron décrochera? Musique d'avenir... Dans l'immédiat, le patron a encore du pep et des idées à revendre. «Je trouve qu'on devrait changer le programme. Conserver le corso fleuri le dimanche n'est pas une solution, car cela dissuade les gens de l'extérieur de venir». Il faudrait peut-être aussi mélanger corso fleuri et fanfares, et proposer un deuxième cortège de nuit, avec des jeux de lumière. Quant au cortège des enfants, on le déplacerait au dimanche après-midi. «Ils l'ont fait pour une fête du même type, en France, le succès a été énorme».

Mais, au fond, pourquoi changer une formule éprouvée depuis tant d'années? C'est que, estime celui qui vibre pour elle depuis 58 ans, «cette fête stagne». «J'aimerais quitter sur une note optimiste». Et de conclure: «Autant mourir en essayant de changer que de mourir à petit feu!»

Parole de sage... / LBY

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