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Le Muséum vous invite à vous hybrider avec un chimpanzé

Dès dimanche et jusqu'au 26 octobre, le Muséum d'histoire naturelle de Neuchâtel présentera au public l'exposition intitulée «Le propre du singe». Fini le temps où l'on aimait voir le singe singer l'homme! Aujourd'hui, on aime le singe pour lui-même. Petits, quand vous alliez au cirque, vous avez, comme tout le monde, rigolé en voyant deux mignons chimpanzés habillés de vêtements multicolores rouler en bicyclette. «En Nouvelle-Zélande, au zoo de Wellington, jusqu'en 1970 on pouvait contempler des singes en train de boire leur tasse de thé en un clin d'?il à la célèbre tradition britannique», raconte Christophe Dufour, directeur du Muséum d'histoire naturelle de Neuchâtel. «Dans les années septante, la situation a été complètement inversée avec la parution du livre de Jane Goodall intitulé «Les chimpanzés et moi». On a commencé à vouloir comprendre le singe pour lui-même. Les scènes de cirque dont il était le clown sont devenues inadmissibles.»

01 févr. 2008, 12:00

Et c'est dans cette mouvance que s'inscrit aussi l'exposition «Le propre du singe» qui ouvrira ses portes au public dimanche et dont le vernissage aura lieu samedi dès 17 heures.

«En fait, au départ, le Musée d'histoire naturelle de Neuchâtel désirait inviter dans ses murs l'exposition «Le propre du singe» du Musée d'histoire naturelle de Grenoble. Celle-ci était très intéressante au niveau du contenu», commente toujours Christophe Dufour. «Mais elle n'était pas dans le style du musée de Neuchâtel. On a donc fini par ne garder que le titre de l'exposition et la photo qui l'ouvre: deux squelettes, ceux d'un homme et d'un chimpanzé, assis face à face, qui contemplent la terre. Sinon, toute la scénographie et le graphisme ont été repensés par Anne Ramseyer.»

Un point saillant du dispositif: le recours aux miroirs. «Une façon de filer la métaphore: le singe est le miroir de l'homme.» Une idée déclinée de salle en salle. «Très souvent le visiteur se percevra dans la vitrine ou dans les miroirs semi-transparents. Alors que d'habitude, dans les expositions, on essaie d'éviter ce jeu de reflets. Et fréquemment, pour voir le singe, l'hôte des lieux devra se voir lui-même d'abord.»

Dans l'une des chambres, derrière une vitre: un singe naturalisé, accroupi. «La possibilité est donnée à chacun de s'asseoir en face de lui, en réglant son siège de façon à ce que ses yeux soient juste en face de ceux du primate. En modulant les éclairages, soudain le visage du visiteur devient celui du singe et réciproquement.»

Leur parenté devient alors évidente. L'humanité du singe s'impose. Christophe Dufour d'évoquer alors ce procès qui aura bientôt lieu devant la Cour des droits de l'homme à Strasbourg.

On va prochainement y défendre la cause de deux chimpanzés sur le plan de leur humanité (encadré). «C'est dire si la proximité entre l'homme et le singe est établie. D'ailleurs trouver des distinctions entre eux est difficile.»

Puis il donne quelques exemples. Comme l'homme, les singes recourent aux outils. Eux aussi ont leur culture. Et même des cultures locales selon le groupe auquel ils appartiennent. La coopération n'est pas qu'un trait généreux de l'humanité. Les singes la pratiquent également. Sur le plan de la santé, ils connaissent des centaines de plantes pour se soigner. L'homme n'est pas seul à avoir conscience de lui-même. Devant un miroir, les primates savent, comme nous, que c'est leur image qui s'y reflète. Ils sont capables d'empathie et arrivent à communiquer en formant des phrases munies d'un sens au moyen de symboles abstraits. Ils font même de la politique! Finalement, seul le langage articulé reste le propre de l'homme. Cela tient à la conformation de son larynx et à ses aires cérébrales spécialisées pour le langage humain.

«Les grands singes sont nos cousins», développe Jean-Paul Haenni, conservateur et directeur adjoint du Musée d'histoire naturelle de Neuchâtel. «Les chimpanzés partagent 98% des gènes avec l'homme. Cette parenté a été découverte relativement récemment. Il n'y a que trente ans qu'on a cessé de considérer les grands singes comme des brutes sanguinaires. Grâce aux études sur le terrain de Dian Fossey qui a montré qu'ils étaient des géants pacifiques.» Le seul hic après toutes ces fabuleuses découvertes? «Les grands singes sont en voie de disparition. A la sortie de l'exposition, le public pourra collecter de la documentation à l'aide de laquelle il apprendra comment empêcher que leur massacre ne continue!» /SFR

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