Le macaron «handicapé» n'est pas un passe-droit absolu

20 avr. 2007, 12:00

Au bénéfice d'une carte de stationnement pour personne handicapée, un habitant de Neuchâtel a été récemment mis à l'amende alors qu'il avait parqué son véhicule dans la zone piétonne, un dimanche vers midi.

Or les bénéficiaires d'une telle autorisation, délivrée par le Service cantonal des automobiles (Scan), ont parfaitement le droit de parquer durant deux heures en zone piétonne. Pas n'importe comment, bien sûr. On ne doit pas entraver la circulation ni créer un danger.

L'automobiliste s'insurge. Il affirme n'avoir en rien enfreint la réglementation et avoir parqué durant «une douzaine de minutes». Il ne comprend pas pourquoi la police cantonale a sévi, alors qu'une patrouille de la locale avait passé quelques minutes auparavant, sans s'arrêter.

«Les agents m'ont dit que je devais avoir, en plus de ma carte de stationnement, une autorisation de pénétrer dans la zone piétonne», raconte l'intéressé. Il semble pourtant évident, relève-t-il, que «le droit de stationner dans une zone implique celui de pouvoir y pénétrer».

Le justiciable, qui reconnaît s'être emporté face à ce qui lui semble «un abus de pouvoir», a obtenu une entrevue avec les responsables de la police cantonale. L'amende n'a toutefois pas été levée. La règle veut que seul celui qui a verbalisé puisse la faire sauter. En l'occurrence, selon le commandant de la gendarmerie René Germanier, «pour eux, cette amende était justifiée».

La seule manière d'en avoir le c?ur net serait de faire opposition. Le tribunal serait ainsi amené à trancher. Las, le citoyen en cause n'est pas très chaud pour entamer une démarche qu'il trouve lourde. Il sait aussi que son comportement sur le moment n'a pas été irréprochable.

Sa mésaventure pose tout de même, estime-t-il, un problème de fond: «La police locale et la police cantonale n'appliquent pas la loi de la même manière, et ça, ce n'est pas normal!»

Les responsables réfutent la critique. Les agents, qu'ils soient de la locale ou de la cantonale, ne font qu'appliquer la loi, usant de «leur pouvoir d'appréciation», explique Antoine Grandjean, Directeur de la police de la Ville. Le citoyen amendé relève encore que les personnes handicapées ont perdu une possibilité de parcage en plein centre-ville. Place Numa-Droz, un entrepôt a été dressé pour servir aux besoins des travaux de réfection du centre-ville, planifiés pour durer quelques années. Pour Antoine Grandjean, l'argument n'est pas pertinent. En réalité, explique-t-il, «en ville de Neuchâtel, nous avons toujours été tolérants pour les personnes handicapées, ne sanctionnant que les abus manifestes». /lby