«Les deux personnages s'enlacent dans une acceptation réciproque teintée de méfiance.» Lucia Servacca et son fils Christian Lecci expliquent ainsi les formes qu'ils façonnent, depuis jeudi dernier, sur la place du village de Cressier.
Ces deux artistes de Salve, au sud de l'Italie, ont été mandatés par l'association Salve Nosciu qui fête cette année ses dix ans d'existence. Ancrée à Cressier, celle-ci réunit des émigrés tellement bien intégrés qu'ils vont signer, en octobre prochain, un pacte d'amitié solennel avec leur commune d'accueil. Un signe fort qui donnera lieu à une grande manifestation.
Première pierre à l'édifice de cette reconnaissance née entre Italiens et Cressiacois, une statue que l'association offrira officiellement aux autorités - et surtout aux habitants de la commune de l'Entre-deux-Lacs, samedi matin à 11 heures. Les deux artistes, auteurs de l'uvre réalisée dans une pierre propre à la région de Lecce, insistent sur la thématique d'émigration qu'ils ont souhaité mettre en évidence. «Dans les années 1950 à 1960, ce fut très dur pour nombre de nos concitoyens», explique Lucia Servacca. «Ils arrivaient en Suisse avec une valise en carton, dans un pays dont ils ne connaissaient ni la langue ni la culture.» Et de relever: «Les moyens de communication n'étaient de loin pas ce qu'ils sont aujourd'hui.» «Mais quelque quarante ans plus tard, une merveilleuse harmonie s'est établie entre nous, émigrés, et ceux, devenus nos amis, qui nous ont accueilli», relève Cosimo Pepe, l'un des membres fondateurs de Salve Nosciu. La conclusion revient au président de commune de Cressier, Joël Boulogne: «A l'instar du pacte d'amitié que nous allons sceller, cette uvre d'art constitue une reconnaissance, un aboutissement.» /flv