«Le sang ne ment jamais», déclare un jour le docteur à Jean-Jacques Rufener souffrant depuis 2002 d'une maladie qui met son corps au supplice et nécessite de toute urgence une greffe du foie. «Effectivement, il ne ment jamais», répond le patient. «Mais il peut changer d'avis.»
Maître principal à Saint-Blaise quand sa santé le lui permet, Jean-Jacques Rufener aime jouer avec les mots. «Certes on dit que «bon sang ne saurait mentir». Mais nargué par le mien depuis cinq ans, j'ai baptisé «Comme bizarre sang qui ment» mon nouveau livre.»
Alité à l'hôpital de la Providence, il évoque l'impératif besoin d'écrire qui l'a saisi au moment où il a su. Compris dans sa chair que la vie est un bien précieux. «Il y a cinq ans, lorsque j'ai traversé mes premiers moments difficiles, j'ai mis des mots sur mes maux.» Ainsi naît son premier ouvrage intitulé «Jaune sang». En 2003 son recueil est publié. Il va mieux. «Je pense alors être passé entre les gouttes. J'ai pu retrouver mes collègues. Je pétais la forme. Et puis paf!» C'est la rechute en 2006. A nouveau il se met à son ordinateur pour décrire ses peurs, ses joies, les douleurs terribles de ses compagnons de chambrée. «Depuis juillet, je suis inscrit sur une liste des personnes en attente d'une greffe du foie.» Le jour où l'organe tant attendu sera là, l'opération sera longue. «Vingt heures. Mais je n'en ai plus peur. Je suis prêt.» Il feuillette son ouvrage et passe un coup d'?il furtif sur les moments décrits. Que de doutes et de joies! Impressionné par le chemin parcouru, il s'exclame: «Je suis heureux!» / sfr
«Comme bizarre sang qui ment» est publié à compte d?auteur et se trouve soit directement auprès de l?auteur, soit dans les librairies Payot