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Jean-Jacques Rousseau entre au patrimoine documentaire de l'Unesco

La Suisse a enfin un de ses trésors culturels inscrit à «Mémoire du Monde» de l'Unesco. Grâce à Jean-Jacques Rousseau (1712-1788) et à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel (BPUN) et à la Bibliothèque de Genève (BGE).

01 juin 2011, 14:24

Les deux collections contiennent les principaux manuscrits des œuvres du philosophe, sa correspondance, les premières éditions de ses ouvrages, des images ou encore le masque mortuaire du penseur. La BPUN a présenté aujourd'hui à la presse certains de ses trésors.

Selon les deux institutions, cette inscription à «Mémoire du Monde», annoncée par l'Unesco le 26 mai dernier, est une actualité culturelle majeure pour la Suisse. Elle est une reconnaissance de l'importance mondiale des archives de Jean-Jacques Rousseau.

Tricentenaire en 2012
Elle permet au public de prendre conscience des trésors patrimoniaux des bibliothèques et des sociétés savantes. Elle est  aussi source d'exigence en matière de conservation et de mise en valeur de l'œuvre de Rousseau. Elle est «un prélude exceptionnel» aux manifestations du Tricentenaire de Jean-Jacques Rousseau en 2012.

Le fait que ces deux bibliothèques soient dépositaires de fonds rousseauistes aussi importants et précieux n'est pas le fruit du hasard. Jean-Jacques Rousseau est né citoyen genevois en 1712; il  est décédé citoyen neuchâtelois en 1778, à 40 km de Paris, à Ermenonville. Pour l'anecdote, cette localité devait être brièvement rebaptisée «Jean-Jacques Rousseau» sous la Révolution française.

La vie tourmentée et agitée du penseur l'a amené à passer d'un lieu à un autre sans véritables racines. Genève et Neuchâtel ont gardé toutefois une importance particulière dans son esprit et il y a maintenu des liens privilégiés.

Des amis dévoués
Les fonds conservés à la BGE proviennent pour l'essentiel d'un ami et éditeur de Rousseau, le Genevois Paul Moultou, à qui il les avait confiés dès 1761. Sa petite-fille Amélie Streckeisen-Moultou a légué plusieurs manuscrits de ses œuvres.

Chassé de France par la condamnation d'«Emile», Rousseau s'installe à Môtiers, dans la principauté de Neuchâtel. Il y projette l'édition complète de ses œuvres avec son ami Pierre-Alexandre DuPeyrou. Il considère ce dernier comme son archiviste et lui laisse tous ses papiers lorsqu'il quitte Môtiers pour l'Ile St-Pierre, sur le lac de Bienne.

Sa marque jusqu'au Vietnam
L'influence de Rousseau ne s'est pas limitée à la Suisse romande ou même à l'Europe francophone. Elle a très vite dépassé toutes les frontières pour atteindre l'universel. Le romantisme allemand s'est référé à lui. Dans le domaine politique, la Chine de Sun-Yat-Tsen a  fait de même au début du 20e siècle. Sans oublier la Russie et le Vietnam.

Rousseau fera sans doute à nouveau œuvre de pionnier et d'autres inscriptions de documents à l'Unesco suivront. A titre de comparaison, l'Autriche a déjà obtenu l'inscription de 18 objets sur la liste.

La Bible de Gutenberg
L'Unesco a mis en place le Programme Mémoire du monde en 1992. Cette mise en œuvre est d'abord née de la prise de conscience de l'état de préservation alarmant du patrimoine documentaire et de la précarité de son accès dans différentes régions du monde. Actuellement, le registre compte 238 objets. /ats

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