Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Il s'enfuit du tribunal!

A la vue de la police et réalisant qu'il allait être emprisonné pour viol, l'accusé s'évade du tribunal. Il court toujours et pourrait quitter le pays Stupéfaction hier devant le Tribunal correctionnel de Neuchâtel! Il est 14h45 dans la salle d'audience de l'Hôtel de ville. Les avocats, le procureur, le président du tribunal et les jurés attendent impatiemment que le jeune Macédonien qui a été écouté durant toute la matinée pour une sordide affaire de viol revienne de la pause de midi. Le verdict doit tomber à l'instant.

19 janv. 2006, 12:00

Il est 14h47. L'accusé n'est toujours pas là. A l'entrée de la salle, deux policiers guettent son arrivée. Ils n'étaient pas présents lors des débats de la matinée. L'horloge affiche 14h50. Le président du tribunal Nicolas Marthe demande à l'avocat de la défense où se trouve son client. «Je l'ai vu dans le couloir il y a deux minutes», répond l'avocat. Mais le corridor est vide.

Les secondes semblent des heures. L'assemblée commence à saisir ce qui est en train de se produire. «Le prévenu est peut-être en fuite», lance le président. Il incite les deux agents de police à aller inspecter les locaux. Ceux-ci s'exécutent. Puis reviennent, bredouilles. Aucun doute possible, l'accusé vient de s'enfuir!

«Il a pris peur»

«Nous avons affaire à un fugitif», lance Nicolas Marthe, qui ordonne d'emblée son arrestation. La procédure de recherche se met alors en place. Les agents de police enregistrent le signalement du Macédonien. Puis annoncent qu'il faut bloquer la frontière avec le canton de Berne - où habite l'accusé - et ordonner le contrôle des douanes, au cas où il tenterait de quitter le territoire suisse.

Branle-bas de combat. L'avocate de la plaignante appelle sa cliente pour lui demander de se mettre en sécurité. Au milieu de cette agitation, le président du tribunal parvient tout de même à prononcer son verdict: le jeune homme, marié et père de deux enfants, est jugé coupable de viol. Il écope de trois ans et demi de prison ferme et sera expulsé du territoire suisse durant cinq ans. «Si vous le trouvez, amenez-le directement à la prison de La Chaux-de-Fonds», ajoute le président à l'adresse des policiers.

Mais pourquoi le prévenu s'est-il enfui alors qu'il était en train de se rendre dans la salle du tribunal? «En arrivant dans le couloir qui mène à la salle d'audience, il a dû voir les policiers postés derrière la porte et réaliser qu'il allait être arrêté», s'accordent à dire le président du tribunal et le procureur Yanis Callandret. «Il a pris peur et s'est enfuit!» Un cas qui, selon le procureur, «n'est pas fréquent».

Une justice trop naïve?

L'incident aurait pourtant pu être évité. Peu avant l'issue des débats en fin de matinée, le procureur Yanis Callandret avait suggéré au président du tribunal une arrestation directe, réalisant que le jugement conduirait très probablement à une condamnation.

Le président a-t-il été trop confiant, voire naïf, en demandant une suspension de séance sans surveillance de l'accusé? «C'est possible que l'on soit trop confiant en Suisse, confie le procureur. Mais le président n'a pas commis d'erreur en accordant sa confiance au prévenu. Le matin, l'homme avait été interrogé sur ses attaches dans la région, notamment sur sa femme et ses enfants. Le président a dû estimer qu'il n'y avait pas de raison que le violeur fuie et quitte sa famille.»

L'évasion du condamné n'alourdira pourtant pas sa peine. Car en Suisse, «c'est un droit de s'évader de prison», précise Yanis Callandret! En attendant, le violeur court toujours et les patrouilles continuent de tourner. «Des recherches ont été entreprises à son domicile. Il n'y était pas», expliquait hier soir un porte-parole de la police cantonale. Selon le représentant du ministère public, «il y a de grandes chances qu'il quitte le territoire suisse». / VGI

Votre publicité ici avec IMPACT_medias