Une centaine de personnes attentives l'attendaient sur le thème «Guerres américaines au Moyen-Orient, échec ou succès?» La réponse étant connue avant le début de la conférence organisée par le Collectif Urgence Palestine Neuchâtel et l'association Abir, restait à écouter la démonstration d'Abdel Bari Atwan. Palestinien, né en 1950 dans le camp de réfugiés de Deir al-Balah, dans la bande de Gaza, il est l'auteur de «The Secret History of al-Qaïda», sorti ce printemps à Londres et qui sera prochainement traduit en français. Il a expliqué qu'al-Qaïda était organisée auparavant de manière pyramidale. «Ce n'est plus le cas maintenant, l'organisation est horizontale et est devenue dix fois plus forte qu'au lendemain du 11 septembre».
En 1997, Abdel Bari Atwan avait rencontré Oussama Ben Laden dans une grotte de Tora Bora en Afghanistan. A l'époque, le chef du réseau lui avait confié que le but était d'attirer les Américains hors de chez eux. «Ils sont 150.000 uniquement en Irak, et plus de 3000 ont déjà été tués», note l'éditorialiste. Au début de l'opération en Afghanistan, les Américains ont bénéficié d'une grande sympathie. Mais depuis la guerre en Irak, alQaïda revient en force. «Le commerce de l'opium marche à plein régime et les talibans ont repris quatre ou cinq provinces». Les images de télévision, en octobre 2001, montraient des Afghans se rasant la barbe et des filles qui se rendaient à l'école. «La réalité aujourd'hui est que les hommes sont barbus et que l'insécurité empêche les filles de se rendre à l'école».
Les Etats-Unis ont investi 360 milliards de dollars dans la guerre contre le terrorisme. «Cette somme rembourserait toutes les dettes des pays pauvres», relève le rédacteur en chef. Il décrit l'humiliation des Palestiniens: «Je ne peux plus transférer de l'argent à ma famille à Gaza. Le pays est paralysé, deux tiers des habitants sont au chômage et ceux qui travaillent ne sont pas payés depuis six mois. Gaza est une prison». / JLW