Des riverains se plaignent à nouveau d'un cinéma open air «trop bruyant»

Des riverains de l'association de quartier du Mail ne supportent plus le bruit du cinéma open air de Neuchâtel. Ils veulent à tout prix regagner leur tranquillité nocturne. Autorités et organisateurs ont pourtant multiplié les aménagements pour limiter les nuisances. Mais pour le groupe de voisins, ça ne suffit pas. «Nous sommes déterminés à faire valoir notre droit à la tranquillité nocturne. Et cela par tous les moyens que nous jugerons bons, si nécessaire.» Les membres du comité de l'association de quartier du Mail ne supportent plus le bruit généré par le cinéma open air de Neuchâtel, installé depuis une semaine sur les rives du Nid-du-Crô. Et ils l'ont fait savoir dans une lettre adressée aux responsables de la manifestation, aux autorités et à la police de la Ville.

06 août 2008, 12:00

Selon Pierre-Eric Monnin, porte-parole du comité, le niveau sonore de la soirée d'ouverture a été «si élevé que des habitants de l'avenue de Bellevaux ont pu comprendre très distinctement les paroles du film». Après cette nuit, lui et une voisine se sont plaint auprès des autorités, et trois autres personnes ont directement appelé les organisateurs.

«Ce qui nous agace le plus, c'est que même sur place, c'est beaucoup trop fort.» Le comité se dit victime de nuisances depuis les débuts de l'open air, en 2001. «Nous sommes en pourparlers avec les organisateurs et la Ville depuis la naissance de la manifestation», ajoute Pierre-Eric Monnin. «Mais ça n'intéresse visiblement personne de savoir qu'un quartier entier subit des nuisances nocturnes durant trois semaines!»

Les organisateurs de l'open air ne sont pas de cet avis. «Nous avons toujours été à l'écoute des riverains. Nous avons réduit le niveau sonore plusieurs années de suite d'entente avec eux, installé des enceintes dans les gradins pour baisser le volume de l'écran, et notre projectionniste adapte le niveau acoustique en fonction des scènes. En 2006, nous avons même déplacé le site de l'open air derrière une butte pour réduire la propagation du son vers les habitations. Nous ne pouvons rien faire de plus!», explique Mélanie Stalder, co-organisatrice de l'événement.

Chaque année, elle envoie une lettre à tous les riverains pour leur faire part des dates de l'évènement, et leur offrir des invitations. Mais malgré ces efforts, le conflit persiste avec un «petit groupe» de voisins.

Les organisateurs de l'open air n'ont pourtant pas de quoi s'inquiéter. Ils bénéficient du soutien des autorités. «Les normes sonores fixées à quatre-vingts décibels sont parfaitement respectées. Nous prenons régulièrement des mesures qui le confirment», indique Eric Leuba, chef du service communal de salubrité et prévention incendie. Comment expliquer alors les nuisances pour les riverains? «Tout est question de vent. Et là-dessus, nous n'avons aucune influence.»

Des propos qui font sourire le riverain Pierre-Eric Monnin: «Les mesures sonores, c'est une belle hypocrisie! Quatre-vingts décibels, c'est une moyenne. Mais les pointes peuvent dépasser 100 décibels.» Ce que confirme Eric Leuba. «Oui, il peut y avoir des pics à 100 DB. Mais la loi autorise des maxima à 125 décibels sur quelques secondes. Et nous sommes au-dessous.»

Le conseiller communal Pascal Sandoz se dit surpris par la réaction des riverains: «J'étais présent à l'ouverture de l'open air, et je n'ai pas trouvé le son excessif. J'imagine que l'orage a fait plus de nuisances.» Pascal Sandoz est d'autant plus surpris qu'en plus des mesures déjà prises pour satisfaire les riverains, la Ville veille à étaler les manifestations géographiquement. «Au Nid-du-Crô, c'est le seul évènement de l'année!»

Selon la police de la Ville, les deux plaintes enregistrées lors de l'ouverture du festival ont été les seules, comme le confirme le 1er lieutenant Gabriel Simonet. «Si nous recevions des avalanches de coups de fil, je comprendrais. Mais ce n'est pas le cas», commente Pascal Sandoz. «Des milliers de Neuchâtelois sont satisfaits de cet évènement qui anime la ville durant l'été. Il n'y a pas de raison de le supprimer.» /VGI