Mais c'était un peu tard. Nasir n'avait en effet obtenu gain de cause que sur la détermination de la peine: les juges cantonaux avaient en effet estimé que, dans la mesure où elle ne dépassait pas six mois, la sanction infligée à Nasir devait prendre la forme de jours-amende et pas d'une privation de liberté. Mais la Cour de cassation n'avait pas mis en cause la culpabilité du condamné telle qu'établie en première instance.
Hier, Nasir a quand même tenté de se défendre sur ce terrain. «Vous n'avez pas de preuves», a-t-il ainsi fait valoir.
La présidente Geneviève Calpini Calame ne l'a évidemment pas suivi. Il faut dire que tout scientifique qu'il soit, ce père de famille professe un islam particulièrement militant. Et c'est rien de le dire: surveillé par le Service fédéral d'analyse et de prévention, Nasir a été trouvé en possession de nombreux documents du Hizb ut-Tahrir (Parti de la libération). Ce mouvement milite en faveur de l'établissement d'un califat international. Et surtout, l'Office fédéral de la police estime que le Hizb ut-Tahrir n'exclut pas l'emploi de la violence. Le mouvement lui-même s'en défend. Mais les documents trouvés chez Nasir et qu'il a diffusés auprès de personnes ne les ayant pas sollicités - notamment aux abords des locaux de l'Association culturelle musulmane de Neuchâtel - ne laissent guère planer de doute à ce sujet.
Ils présentent ainsi les Juifs comme des «singes» et des «cochons» et assurent que le Coran demande de «les tuer où qu'ils se trouvent». A partir de cette vision, la crise du Proche-Orient ne saurait se ramener à une affaire de territoires occupés: la solution consiste à «extraire» par la force «l'entité juive» de la Palestine.
Pour sanctionner la diffusion de cette prose, Geneviève Calpini Calame a transformé les six mois de prison refusés par la Cour de cassation en 180 jours-amende à 21 francs la journée. Le tout assorti du sursis, comme la peine initiale. / JMP
*Prénom fictif