Comme deux gosses qui viennent de faire une bonne farce, les deux anciens du comité de la Dante Alighieri, Dino Masci et Emilio Moser se jetaient des clins d'?il complices, samedi en fin d'après-midi au péristyle de l'Hôtel de ville de Neuchâtel. Dans quelques secondes, les modèles masculins habillés par Anne-Caroline Huguenin vont défiler. Sur une musique signée Indochine, groupe fétiche de la créatrice, les messieurs entrent en scène sous les spots. Plus de 200 personnes assistent au spectacle. C'est le point d'orgue d'une semaine qui a fait la part belle à la culture et à la musique italiennes.
Les modèles sont tous en noir, avec quelques rares touches de rouge sombre. Ils sont maquillés gothique, fard blanc, tour des yeux noirs. Leur pas est viril. Les tissus, travaillés avec art, font vibrer le noir qui, on le sait, est aussi une couleur. Les spectateurs et spectatrices applaudissent. Même lorsque les modèles portent jupe.
Les deux messieurs de la Dante Alighieri sont aux anges. «Et dire que c'est nous, les deux vieux, qui avons choisi ça!», glisse Dino Masci.
Le succès est total. Les modèles de la créatrice neuchâteloise ont conquis le public.
La cote d'amour atteint son paroxysme lorsque la créatrice vient saluer, avec son enfant dans les bras, tout de noir vêtu.
Pourquoi tout ce noir? «Je ne fais que du noir», dit Anne-Caroline Huguenin. «C'est mon influence punk-grunge-gothique.» Son rêve? Habiller un jour «son» groupe, cet Indochine dont elle a abreuvé le public du péristyle. Sa réalité: pour faire bouillir la marmite à côté de la fièvre créatrice, elle enseigne la couture à temps partiel à Cescole.
Et pas question de faire de la couture alimentaire. «Je ne refais jamais de modèle ancien. Et je n'ai pas envie d'habiller quelqu'un sur commande, sans aucun lien avec mon style.»
Tandis qu'habiller Indochine, ça, c'est motivant! «Le défilé est filmé. Je leur enverrai la cassette. On ne sait jamais.» Effectivement. Pourquoi pas? / lby