«Nous sommes en train d'établir cette carte, qui devrait être terminée pour le bicentenaire de l'Ecap, en 2010, précise Laurent Memminger. La Confédération subventionne l'opération à raison de 80%, et nous prendrons en charge le solde, qui représente tout de même quelque 600.000 francs. Mais ce type d'outil sera très précieux, dans un contexte d'aménagement du territoire, et bien sûr de prévention des dangers.»
Des dangers qui, sur sol neuchâtelois, n'ont rien de comparable au risque, par exemple, que connaît le canton du Valais, sujet à inondations. Mais il reste malgré tout des inconnues, notamment aux abords des cours d'eau (l'Areuse peut facilement déborder à Boudry) ou de pentes propices aux glissements de terrain.
«L'idée est de délimiter des zones où l'on ne pourrait plus construire, même si, évidemment, les bâtiments déjà existants ne seraient pas démolis, précise le directeur de l'Ecap. Mais on pourrait alors savoir de quelle manière agir préventivement ou réagir dans le cas d'un sinistre.»
Reste évidemment l'imprévu, un nouveau Lothar ou un séisme centenaire. «Un tremblement de terre peut très bien se produire dans le canton de Neuchâtel, même si le risque est moins élevé qu'à Bâle ou en Valais, indique Olivier Lateltin, de l'Office fédéral des eaux et de la géologie. La première chose à faire serait d'intégrer les normes des architectes aux nouvelles constructions, qui devraient pouvoir résister à une magnitude de 6.»
Quant aux indondations, elles pourraient être mieux gérées grâce à un meilleur entretien des berges et des forêts. Le Valais a même lancé un vaste projet, sur 20 ans, visant à redonner de l'espace au Rhône, en l'élargissant de manière substantielle.
Car le réchauffement climatique semble bel et bien avoir un effet sur les catastrophes naturelles, et surtout sur la pluviométrie. Eminent expert en climatologie, le professeur Martin Beniston a ainsi expliqué qu'il fallait s'attendre, d'ici 50 à 100 ans, à des hivers plus humides et des étés plus secs, mais sujets à des précipitations plus abondantes sur des courtes périodes: «Un climat un peu méditerranéen». Les rivières vont encore avoir tout loisir de déborder. La catastrophe d'août dernier, qui a notamment touché l'Aar, pourrait bien se reproduire... / FRK