«Nous avions dans nos caves ces caisses qui, je le savais, contenaient de vieilles plaques photographiques. Mais je n'avais pas eu le temps ni les moyens jusqu'ici d'en faire quelque chose.»
Les caisses qui dormaient dans les caves du château de Boudry provenaient de l'ancienne école de viticulture d'Auvernier, ancêtre de la station viticole. Elles contenaient un millier de plaques photographiques. Il s'agissait de matériel didactique, à la pointe de la modernité au début du XXe siècle (lire l'encadré).
Dans une boîte en bois, dormaient une quarantaine de plaques de verre d'environ 6 cm sur huit. Elles conservent fidèlement la trace de clichés aériens. Ces images portent la mention «Astra Aero AG Zurich». En réalité, cette compagnie aérienne disparue n'est sans doute que la propriétaire de ces images, qu'elle a rachetées à son auteur, Eduard Spelterini, célèbre photographe et aérostier.
Grâce à ce précurseur - auquel le Museum im Bellpark, à Kriens, rend d'ailleurs hommage jusqu'au 11 novembre - le Musée de la vigne et du vin conserve aujourd'hui des vues époustouflantes du Littoral, du vignoble zurichois et tessinois et du Lavaux. «De quoi rendre jaloux Franz Weber», plaisante le conservateur. «Cette collection», précise-t-il, «est à ma connaissance une des plus importantes, sinon la plus importante conservée en Suisse.»
La mise en valeur de cet inestimable patrimoine iconographique s'inscrit dans la refonte complète de la muséographie que découvrira le public lors du vernissage de l'exposition «De la terre à la bouteille», le 3 novembre prochain. Cette refonte, que le conservateur appelait de ses v?ux depuis longtemps fera «entrer le musée dans le XXIe siècle».
Elle a nécessité un investissement de l'ordre de 230 000 francs, dont la majeure partie - 120 000 francs - a été fournie par la Loterie romande et quelques entreprises boudrysannes ou établies à Boudry.
Le musée devient ainsi, mieux que jamais, un outil pour permettre aux contemporains de comprendre «le rôle central de la vigne dans l'histoire, l'évolution du paysage et des mentalités, ainsi que dans l'économie de ce canton», conclut le conservateur. / LBY