«Nous avions martelé 497 tiges», indique Pascal Junod, ingénieur forestier du 3e arrondissement. «Ce nombre peut paraître élevé, mais il représente au maximum 10% du volume sur pied dans la zone où nous sommes intervenus. Il est vrai qu'en hiver, avec l'absence de feuillage, certains endroits présenteront un aspect un peu déroutant.»
Et qui pourrait même offusquer la vue des partisans d'une nature propre en ordre. Les forestiers ont en effet laissé sur place les neuf dixièmes des quelque 350 mètres cubes de bois mis à terre.
«Les gens parlent souvent de bois mort», commente l'ingénieur forestier. «En réalité, toute une vie va s'y développer.»
L'accroissement de la biodi versité, déjà remarquable, de la forêt de Chanélaz,, n'apparaît cependant pas comme le motif principal de cette façon de faire. «Sur un terrain plat, nous aurions sorti pratiquement tout», indique Marc Robert, garde forestier de Boudry. Au moins quatre cinquièmes des arbres abattus appartiennent en effet à des essences qui donnent du bon bois de chauffage.
Seulement, la face nord de Chanélaz est en forte pente. Du coup, le débardage de l'ensemble de la coupe renchérirait dans des proportions qui le rendraient financièrement irrationnel. Même avec la hausse actuelle du prix du bois-énergie.
«Cette coupe n'avait donc pas d'objectif économique», résume Pascal Junod.
Mais elle en avait d'autres, en particulier de permettre à cette forêt de jouer au mieux son rôle protecteur. Pascal Junod: «Nous avons enlevé les arbres qui risquaient de tomber sur le viaduc en contrebas, ainsi que les arbres penchés ou trop lourds. Nous voulions aussi donner du dégagement vers l'amont aux éléments stables, pour leur permettre de pousser droit et de développer une cime équilibrée. Nous visions également à donner de la place aux jeunes tiges. Enfin, cette coupe doit aider les espèces rares, telles que le cerisier ou l'alisier blanc, dont les fruits nourrissent les oiseaux.»
Ce qui vaut bien quelques rugissements de tronçonneuse. /JMP