Les remorques ne sont-elles plus les bienvenues sur le domaine public à Milvignes? Un avis de la commune a suscité de la colère et de l’incompréhension. Une pétition mobilise au-delà des personnes concernées.

De longue date, des remorques sont garées sur le grand parking des Fontenettes, près de la plage d’Auvernier, et ailleurs. Les propriétaires ont reçu, à mi-novembre, un courrier de la commune.

La missive officielle informait qu’après une réorganisation du plan de stationnement, le dépôt de remorques en tous genres ne serait plus autorisé sur les parkings publics. Les destinataires avaient jusqu’au 30 novembre pour les évacuer.

«Ma remorque à la cuisine?»

Jean-Maurice Fischer nous a contactés pour témoigner. «Quand je reçois une telle lettre, je deviens fou! On me donne 15 jours pour déplacer ma remorque. Où la commune veut-elle que je la mette dans un tel délai? Dans ma cuisine ou ma chambre à coucher?»

Cet habitant d’Auvernier déplore que les autorités n’aient pas prévu une solution de repli. «Pour ma remorque, je paie une taxe annuelle, dont une partie profite à la commune.»

Jean-Maurice Fischer a exprimé son étonnement à la commune. «Sa décision devrait s’appuyer sur un arrêté, ce qui ne semble pas être le cas.» L’octogénaire connaît bien la politique. Son père était conseiller communal à Auvernier et il a lui-même siégé au législatif de son village. Durant huit ans dans les rangs du Ralliement, un parti qu’il avait créé avec d’autres à la fin des années 1960, puis quatre ans chez les socialistes.

Antoine Berthoud, installé à Auvernier depuis quatre ans, questionne lui aussi la légalité de la mesure: «J’ai téléphoné à plusieurs personnes de la commune pour avoir un exemplaire du plan de stationnement remis à jour.» Sans succès. «Apparemment, c’est le fait du prince.»

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Huit remorques vues récemment au fond du parking des Fontenettes, à Auvernier. Photo: Lucas Vuitel

Manque de dialogue

Pour un autre intéressé, il est légitime de laisser libre tout le parking des Fontenettes en été, lorsque la plage est très fréquentée. «Mais en hiver, les places sont aux deux tiers inutilisées.» Notre interlocuteur regrette l’absence de dialogue en amont d’une telle décision. «Nous aimons notre village et sommes prêts à trouver des solutions.»

Nous avons demandé des explications à la conseillère communale Marlène Lanthemann. «Notre courrier était un peu maladroit et pas suffisamment explicite», reconnaît l’élue libérale-radicale. «Notre interdiction vise les remorques non immatriculées et celles appartenant à des gens qui ne sont pas domiciliés dans la commune.»

Les habitants de Milvignes auront droit à une vignette qui, comme c’est le cas avec leur voiture, permettra de poser sa remorque sur un parking public et cela, durant 24 heures. «Nous sommes en train de répondre en ce sens aux personnes concernées», relève Marlène Lanthemann.

«Ras-le-bol»

Jean-Maurice Fischer attend ces nouvelles de pied ferme. Entretemps, il fait circuler avec quelques connaissances une pétition qui a déjà réuni une cinquantaine de signatures. «Les signataires me disent en avoir marre de Milvignes et qu’ils s’opposeront à une nouvelle fusion.»

Antoine Berthoud confirme cette lecture: «En signant la pétition, les gens expriment plus un ras-le-bol qu’un amour immodéré des remorques…»

Plus de dix ans après avoir réuni les villages d’Auvernier, de Bôle et de Colombier, il est désormais question de fusionner Milvignes avec Boudry et Cortaillod. Une votation pourrait avoir lieu à l’automne 2023.

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