Après dix ans de combat, Aqua Nostra des Trois-Lacs ne désarme pas! L'association intercantonale de riverains vient de déposer un recours auprès du Tribunal fédéral (TF) dans le dossier de la protection de la rive sud du lac de Neuchâtel. Son président Pierre Roggo l'a annoncé hier, à Payerne, en espérant qu'une décision tombera dans un délai de six mois à une année. «Nous avons requis un effet suspensif», ajoute-t-il. Avec deux variantes à ses yeux: tous les plans sont annulés et on repart à zéro ou alors on bloque provisoirement toute nouvelle mesure de contrainte.
«Nous ne sommes pas contre le principe de réserves naturelles dans la Grande Cariçaie. Loin de là! C'est l'application de ces inventaires fédéraux qui cause problème, insiste Pierre Roggo. Huit pages au total entre les règlements des cantons de Vaud et de Fribourg pour 2900 hectares, ce n'est pas suffisant!» Aqua Nostra attend de l'autorité qui établit un plan d'affectation de protection des rives qu'elle «démontre son bien-fondé». Depuis la mise à l'enquête de ces plans - ils avaient soulevé une première fois plus de 100 000 oppositions et 20 000 la seconde -, l'association n'a cessé de critiquer le «manque de justification scientifique» de l'Etat. «On ne peut interdire de la même façon la cueillette d'une orchidée protégée et celle d'un vulgaire bolet», s'énerve le président d'Aqua Nostra qui martèle son crédo: «L'homme doit avoir plus de place au bord du lac!»
Pierre Roggo l'admet: depuis 2001, l'effectif d'Aqua Nostra (quelque 2300 membres) a subi «une érosion» parce que «beaucoup de gens croient, à tort, qu'on a baissé les bras». Pourtant, le président estime déjà avoir gagné. «En 2001, nous avons réussi à faire modifier certains plans, précise-t-il. De plus, nous sommes reconnus comme interlocuteur dans le dossier de la rive sud au même titre que les associations écologistes: nous faisons partie de la commission paritaire consultative créée en 2008.»
En revanche, Aqua Nostra ne se mêle pas du dossier des chalets: «On se bat pour des questions d'idéologie générale, pas pour des cas particuliers!»