Cher Holder Value. Permettez-moi de vous nommer ainsi. Quitte à écorcher votre patronyme. Vos déboires m'ont inspiré cette lettre que vous lirez peut-être. Depuis toujours, vous privilégiez le cours des actions, les dividendes, le profit. Vous avez propulsé l'économie au-delà du réel. «Il faut maximiser la valeur d'actionnaire», cette fameuse shareholder value, avez-vous prêché dans tous les temples dédiés à votre culte. De New York à Tokyo, en passant par Zurich ou Londres, vous avez convaincu.
L'oseille et le blé sont vos emblèmes. L'absence de règles? Un credo. Votre religion a de nombreux adeptes. Du plus ascète au plus gourmand, vos disciples ont mis la main à la poche sans rechigner. «Tant pis pour ceux qui ne me suivent pas», avez-vous prôné. Aujourd'hui, le drapeau est en berne. Vous voici bien démuni. La plupart de vos adorateurs aussi. Ceux qui n'ont pas cédé au chant des sirènes devront malgré tout y aller de leur écot. A contrecur, mais dans l'espoir de réparer les dommages.
«Illusion de la maîtrise, excès d'optimisme», ai-je entendu l'autre jour à la radio. Il était question de vous, cher Holder Value. Avez-vous vraiment su faire la part des choses entre illusion et réalité?
Du paradis à l'enfer, il n'y a qu'un pas. Non, plutôt un long fleuve tumultueux. Vous naviguez en direction du purgatoire. Il y a pire comme voyage. Le diable ne vient-il pas à votre rescousse? Ne veut-il pas vous épargner l'enfer et le paver de bonnes intentions?
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