Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Les catholiques de Neuchâtel tournent la page du deuil

A quelques jours du terme du deuil de 40 jours qu'elles ont observé à la suite du suicide d'un prêtre, les paroisses catholiques de Neuchâtel avaient invité leurs fidèles, jeudi soir, à partager leurs souffrances et leurs interrogations. Pour leur permettre de tourner la page. «Pâques arrive. Nous avons envie de ressusciter. Nous allons vivre une Semaine sainte qui sera différente de toutes celles que nous avons vécues. Les paroles de la Passion nous parleront autrement, en raison de ce que nous avons vécu.»

16 mars 2008, 12:00

C'est ainsi que l'abbé Philippe Baudet, curé de la paroisse Notre-Dame, à Neuchâtel, traduit le sentiment qui l'habite, près de six semaines après le suicide de son collègue, l'abbé P*. Six semaines au cours desquelles les célébrations ont été vécues avec une intensité particulière.

Troublés, blessés, émus, en colère parfois, les paroissiens catholiques neuchâtelois ont pu partager leur vécu, jeudi soir. La réunion, prévue de longue date, a rassemblé plus d'une centaine de personnes.

Certes, reconnaît Philippe Baudet, «les paroissiens sont choqués par les nouvelles révélations» des médias. Mais «nous aspirons à ce qu'on laisse P. reposer en paix.» Nulle volonté pourtant de cacher quoi que ce soit. Chacun a pu poser les questions qu'il désirait poser. Un psychologue, Marcel Hofer, a répondu aux questions sur les pathologies psychiques liées à la pédophilie. Il a été question aussi des médias et de leur fonctionnement.

Sur le fond de l'affaire, l'abbé Baudet s'explique dans la «Feuille dominicale des paroisses catholiques»: «Malgré les affirmations de la presse de jeudi révélant une seconde plainte qui concernait des actes sexuels sur un garçon de 12 ans, ni l'abbé P. ni l'évêché n'ont jamais fait allusion à une deuxième affaire.» Et écrit encore l'abbé Baudet, «la police n'a constaté aucun comportement répréhensible durant les 20 années qui ont suivi les faits incriminés.»

L'abbé Baudet s'exprime aussi sur la difficulté du rôle qu'il a dû assumer. «[...] Je me suis retrouvé devant une situation très complexe, où il fallait tenir compte des directives de l'autorité de l'Eglise, des intérêts de l'abbé P. et en plus de son souci de ne pas provoquer le plaignant. J'ai le sentiment d'un terrible gâchis qu'on aurait pu éviter si on s'y était pris autrement, en particulier en agissant avec davantage de transparence dès le départ.»

L'abbé Baudet est en tout cas convaincu d'une chose: l'abbé P. n'a jamais représenté le moindre danger à Neuchâtel: «Deux expertises psychiatriques affirmaient qu'il n'y avait aucun risque. D'autre part, P. avait fait un gros travail psychologique et spirituel. Et si nous avions, d'un commun accord avec lui et la hiérarchie, décidé de l'écarter de toute activité pouvant le mettre en présence d'enfants ou de jeunes personnes, ce n'était pas pour éviter un risque, mais pour écarter le risque de reproches qui auraient pu nous être faits par la suite.»

Désormais, les paroisses aimeraient tourner cette page. Au-delà de la douleur, l'affaire a permis de révéler la solidarité existant entre les paroissiens et à l'égard des ministres. / LBY

*Nous préservons l?anonymat du défunt, bien que son identité ne soit un mystère pour personne. La «Feuille dominicale des paroisses catholiques de Neuchâtel» ne la cache d?ailleurs pas.
Votre publicité ici avec IMPACT_medias
Votre publicité ici avec IMPACT_medias