Cette légère zone d'ombre qui subsiste, beaucoup de sélectionnés en ont profité pour s'y cacher. «Je sais que l'ASF a communiqué cela dimanche, mais ça ne reste que des spéculations sur le futur, se contente de dire Benjamin Huggel. Moi, ce qui m'intéresse, c'est l'Euro.» Et Ottmar Hitzfeld n'y sera pas, alors... «Pour l'instant, le sélectionneur, c'est Köbi, insiste Johan Vonlanthen. Il faut être respectueux de ça. Le moment est mal choisi pour que je commente l'après-Kuhn.»
Certains internationaux, à l'image de Gelson Fernandes, n'avaient même pas entendu dire qu'une entente avait été trouvée. «Vraiment, je ne savais pas. Pour moi, on a un sélectionneur jusqu'en juin et on fera le travail avec lui. Il m'est très difficile de me projeter dans le futur.» D'autres ne l'ont appris qu'hier, comme Daniel Gygax. «Pour l'instant, je ne pense pas à Ottmar Hitzfeld, mais à l'Euro et à Köbi Kuhn. Ce sélectionneur-là a fait beaucoup pour le pays. Le moment pour annoncer sa succession est peut-être un peu mal choisi. Mais si Köbi n'a pas de problèmes avec ça, la Fédération a bien fait.»
Pour ces footballeurs n'ayant en tête que la perspective de se retrouver à l'Euro, il est compréhensible que l'après 29 juin n'inspire en général que des haussements d'épaules polis. Personne n'est cependant resté insensible à l'annonce de l'arrivée imminente d'un technicien dont l'aura et les compétences sont reconnues loin à la ronde. «C'est un grand entraîneur ayant dirigé de grands joueurs, estime Valon Behrami. Il aidera les jeunes comme moi à développer encore leurs qualités.»
Sans vouloir dresser la biographie d'un homme âgé de 59 ans, rappelons tout de même qu'il a marqué le football suisse de son empreinte. A la tête d'Aarau et alors qu'il venait d'embrasser la carrière de meneur d'homme, il gagnait la Coupe de Suisse en 1985. Avec Grasshoppers, il faisait encore mieux en remportant la Coupe (1989 et 1990) et deux titres de champion de Suisse (1990 et 1991).
Fort de ces faits d'armes helvétiques, l'ancien attaquant de Bâle s'en est allé recueillir gloire et succès dans son pays d'origine. Avec Ernst Happel (Feyenoord Rotterdam en 1970 et Hambourg en 1983), il est notamment le seul entraîneur à avoir réussi l'exploit de gagner deux fois la Ligue des champions à la tête de deux organisations différentes (Borussia Dortmund en 1997 et Bayern Munich en 2001).
Courtisé depuis de nombreux mois par les pontes du football suisse, Hitzfeld a donc trouvé un terrain d'entente avec ces derniers. La surface la plus glissante était sans doute d'ordre financier. En Bavière, son salaire annuel avoisine les sept millions de francs suisses. A peu près 14 fois plus que ce que touche actuellement Köbi Kuhn... / FLO