On peut résumer la fresque d'Eric Valli de la même manière. Une jeune fille part à la recherche de son père, géologue idéaliste, avec son vieil ami africain à qui il ne parle plus. La fiction emprunte les codes classiques de la bluette à vocation lacrymale, sans se soucier une seule seconde des implications analytiques d'inspiration lacanienne. Les parents meurent, les chercheurs de diamants sont très méchants, le petit enfant qui a subi un drame ne parle plus, la jeune fille poursuit l'idéal vendu comme libertaire de son père.
Et le voyage, l'aventure, le périple, sont vendus à coup d'images monumentales que l'on croit dupliquées de «National Geographic», les grands travellings vus d'avion se multiplient, la musique bucolique d'Armand Amard vous propulse dans une chambre d'adolescente avec au mur des posters de dauphins.
Le versant sociologique du film est consternant. On a envie de retrouver le désert de Théodore Monod et d'Anne-Marie Schwarzenbach bien vite. Quant à la dénonciation de l'exploitation des diamants, pourquoi pas, mais tout reste si schématique et peu profond. S'il fallait sauver un seul élément nous opterions pour Camille Summers, jeune actrice finalement assez crédible et juste dans sa traversée pour retrouver le père et grandir. Le reste de la distribution surprend moins, un grand blond et un grand noir dont les noms nous semblent dispensables, comme le scénario du film.
On peut filmer l'Afrique autrement et si l'envie de plonger dans le continent noir vous prend, rappelez-vous l'existence d'un film simple et vrai comme «La vie sur terre» du Mauritanien Abderrahmane Sissako. Autre chose que cette vision de blanc conquérant et pseudo-aventurier à laquelle voudrait nous faire croire Eric Valli. / ACA
Neuchâtel, Studio; 1h35