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La passion, la vie, les regrets...

08 mai 2009, 10:07

Un homme, sexagénaire, accompagne une jeune femme et ses deux fillettes dans un chalet à la montagne. Le visage muré dans la tristesse, Chloé (Florence Loiret-Caille) accomplit les gestes du quotidien comme une somnambule, indifférente aux débordements de vie de ses enfants. Face à elle dans cette ambiance crépusculaire, Pierre (Daniel Auteuil) n'est guère plus disert. Puis les langues se délient. Larguée par le fils de Pierre, Chloé déballe agressivement sa douleur. Pierre décadenasse sa propre vie. Il commence à raconter. Il y a vingt ans, lui aussi aurait pu partir. Aurait dû partir, pour suivre la femme de sa vie.

«Je l'aimais», répète-t-il à propos de Mathilde (Marie-Josée Croze), rencontrée à Hongkong lors de la conclusion d'un contrat. Pourtant Pierre n'a pas quitté son épouse et leurs deux enfants. Rongé par l'acide des regrets, aujourd'hui plus mort que vif, aurait-il été heureux avec Mathilde? Sans doute. Mathilde l'aurait-elle quitté? Peut-être. La vie, c'est faire des choix, dont on ne sait pas s'ils contiennent le germe du meilleur ou du pire.

Adaptatrice, avec sa scénariste Agnès de Sacy, du roman éponyme d'Anna Gavalda, Zabou Breitman foule le rivage délicat des sentiments avec le talent qu'on lui connaît depuis «Se souvenir des belles choses». Pierre, un homme qui, lui aussi, se souvient...

Les émotions sont ici captées sans excès de sentimentalisme, loin des sirupeux effets souvent en vigueur dans la romance hollywoodienne. Une phrase prononcée face à Mathilde s'adresse à Chloé. Mathilde s'approche de Pierre et le rejoint dans son présent. Subterfuges de la mise en scène, qui fluidifient la narration en même temps qu'ils disent la pérennité du passé dans la vie de Pierre.

«Mieux vaut être quittée que mal aimée», dit, en substance l'infidèle à sa belle-fille, au cours de cette mise en abyme pour elle réparatrice. La passion est pareille à une maladie qu'on attrape sans le vouloir, lui apprend-il encore. Intelligente et sensible, Zabou Breitman tente de transcender un récit non exempt de banalités et d'irritants jeux de miroir (la secrétaire de Pierre quittée par son mari).

Un jeu, dont Mathilde seule fixe les règles, vient prolonger, comme sous perfusion, cette liaison sans avenir. Quand, au fil de rencontres de plus en plus elliptiques, on court vers le dénouement, s'y intéresse-t-on encore vraiment?

Neuchâtel, Apollo 3; 1h52

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