Savant de renommée mondiale, Claude Favarger a accumulé les distinctions, dont quatre doctorats honoris causa décernés par les Universités de Besançon, Dakar, Genève et Toulouse. Il était l'auteur de près de 200 publications, dont les magnifiques volumes de «Flore et végétation des Alpes», édités, puis réédités, chez Delachaux & Niestlé.
Des ouvrages qui lui ont permis de sensibiliser le grand public à l'importance de préserver la flore alpine: «On ne défend ou protège que les êtres et les choses dont on possède une connaissance suffisante», expliquait-il à 82 ans, l'oeil scotché à son microscope. Dix ans plus tard, dans son home de Corcelles, où il résidait, il faisait encore la lecture à des personnes malvoyantes...
Né en 1913, Claude Favarger n'a pas pu suivre immédiatement la trace qu'il s'était choisie enfant: son père, l'avocat et historien Pierre Favarger, brillant tribun au Grand Conseil neuchâtelois, pensait que conter fleurette ne nourrirait pas son fils. Claude se dirige donc vers la pharmacie, qu'il étudie à Lausanne, mais monte ensuite à Paris y décrocher, à la Sorbonne, un certificat d'études supérieures en botanique.
Une longue carrière va suivre. Professeur et directeur de l'Institut de botanique de l'Université de Neuchâtel en 1946, Claude Favarger en devient le recteur en 1965, succédant à André Labhardt. Auparavant, il avait réussi à obtenir les crédits nécessaires à l'aménagement d'un nouveau jardin botanique, l'un des premiers de Suisse à offrir un catalogue de graines récoltées dans la nature. Il fut aussi l'un des instigateurs du Centre suisse de recherches scientifiques en Côte d'Ivoire.
Brillant orateur, doté d'une excellente mémoire et plein de malice sous un abord parfois austère, Claude Favarger disait joliment que la science, «si elle est aventure et ascèse, est aussi une distraction aux mesquineries et aux contingences de la vie quotidienne».
Des contingences dont Claude Favarger s'est débarrassé pour de bon. Il cueille désormais, dans un autre jardin, des fleurs qui ne se faneront jamais. / FRK