«La flûte enchantée» selon Kenneth Branagh, acteur passé à la réalisation, respecte, c'est bien le moins, la partition de l'opéra de Mozart et en donne une interprétation vocale et musicale (sous la direction de James Conlon) irréprochable. Transposer le livret d'Emanuel Schikaneder (c'est Stephen Fry qui s'y colle) dans l'histoire «contemporaine»? Pourquoi pas. Dans ce contexte-là, l'opposition des ténèbres et de la lumière garde même une pertinence assez convaincante.
On reste loin, néanmoins, d'une adaptation réussie, tant la mise en scène du Britannique est lestée d'effets lourdingues, à l'image de cette reine de la nuit qui volette tel un insecte hystérique ou qui, bouche grande ouverte se détachant sur des chars en arrière-plan, détient malgré elle la palme du ridicule.
La légèreté et la féerie ont, hélas, déserté ce monde mi-réel mi-onirique. On le déplore d'autant plus que l'on se souvient de l'adaptation aérienne et malicieuse que Branagh avait faite du shakespearien «Beaucoup de bruit pour rien». / DBO
Neuchâtel, Apollo 2; 2h15