Le bal des escargots a repris ce week-end. A la queue leu leu dans les champs, sur les routes ou les trottoirs, formant des cercles ou des trapèzes rectangles, ils célébraient le retour de la pluie et de ses bienfaits. Ces vagabonds à l'allure décontractée ont toujours captivé mon attention. Enfant, je passais des heures à les suivre et à les observer. J'avais entrepris de les apprivoiser, en bâtissant à leur attention une véritable demeure de rois. Tout confort. Mais ils s'étaient tous volatilisés.
Quelle allégresse que de pouvoir déambuler librement, à l'horizontale comme à la verticale, en ne se laissant arrêter ni par la rugosité de l'écorce, ni par l'ordre précaire des graviers. Ramper dans une nature luxuriante, se faufiler entre les feuilles humides et humer l'humus. Poser la caravane à sa guise lorsque la fatigue nous gagne et sombrer dans un sommeil régénérateur, bien au chaud dans son colimaçon camouflé.
Il y a bien la convoitise des limaces face à notre maison douillette à surmonter. Il faut aussi s'accommoder des doigts grassouillets des enfants, qui nous prennent par la coquille et nous reposent au sol des après-midi entiers, espérant nous faire remporter la course des trois mètres contre notre cousin, notre sur et notre beau-père. Et pas question d'avancer à reculons, car ramper en arrière nous est impossible. Mais qu'importe! Quand tout le monde est couché, nous sillonnons la terre à notre allure, avec la quiétude et l'assiduité du sage.