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La bête noire de la ville et des champs fait débat

25 mars 2008, 12:00

Sacs poubelles déchirés par des essaims noirs, dégâts sur les semis de céréales et les balles de foin: la densité des corneilles est vue comme un fléau par nombre de citadins et d'agriculteurs. L'Etat et les écologistes relativisent.

«Nous n'avons pas de plan pour stabiliser les populations de corneilles», affirme le conseiller d'Etat Fernand Cuche. En ville, dit-il, le fait de sortir ses ordures au dernier moment ou le recours à des containers permet de freiner le séjour de ces oiseaux. Dans les cultures, les corneilles posent «un problème», reconnaît l'élu écologiste, mais aucune réponse efficace n'y aurait encore été trouvée.

L'inaction des autorités était encore dénoncée dernièrement par la Chambre neuchâteloise d'agriculture et de viticulture (Cnav) pour expliquer un empoisonnement découvert à la Béroche. Ce type d'action est illégal, souligne Fernand Cuche. Il rappelle que les somnifères létaux testés officiellement en 2006 sur sol bernois ont provoqué un tollé pour un résultat mitigé. Les tirs dissuasifs? Inefficaces car ces malins volatiles apprennent à les déjouer. Des captures? Les oiseaux se méfient des cages, quand elles ne sont pas démolies par des ornithologues ou promeneurs...

Indemniser alors les dégâts? «Le Conseil d'Etat n'entre pas en matière tant qu'il n'a pas des chiffres crédibles.» Questionnée par le Château, la Cnav parle de 20 à 30 000 francs par an. Une enquête plus précise est lancée ce printemps avec l'Office phytosanitaire cantonal.

Côté écologiste, l'Association suisse pour la protection des oiseaux (Aspo) retourne le problème. «On dénombre effectivement passablement de corneilles. Mais c'est l'activité humaine, avec la culture intensive du maïs et les déchets qui les nourrissent, qui favorise leur développement», commente le directeur romand de l'Aspo, le biologiste neuchâtelois François Turrian. «Plutôt qu'éliminer les corneilles, il faut chercher à diversifier l'environnement. Cela permettrait le développement d'autres espèces, au détriment de la corneille.»

Sans nier qu'une corneille peut manger des œufs ou oisillons d'autres espèces, François Turrian relève que la pie était encore plus prédatrice, mais que son effectif est désormais en recul. «Ce sont des cycles.» Quant aux cadavres de corneilles pendus dans les champs à titre d'épouvantail, le biologiste les trouve «un peu macabres, mais préférables à des empoisonnements, absolument inadmissibles.» /axb

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