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L'implacable condition humaine

22 mai 2010, 09:39

User et abuser de l'artifice, nier l'évidence, ruser avec la peur qui paralyse, faire front, tenir la tête hors de l'eau coûte que coûte pour donner le change:

- Vous avez bonne mine aujourd'hui!... - ... - La douleur? Ça veut dire que vous réagissez bien au traitement!

Même effondré, se mordre les lèvres pour garder une posture rassurante, refouler les larmes, invoquer tous les saints, prier Dieu. Puis, mortifié par l'insoutenable, à bout de forces, sous un prétexte fallacieux, fuir hors de ces murs, courir droit devant soi le plus loin possible de l'hôpital. Ressasser son impuissance, éclater en sanglots, prostré au volant de sa voiture. Et laisser le cours des choses reprendre le dessus. Imperceptiblement, au tréfonds de l'instinct le plus animal, retrouver son propre petit confort au bout de la compassion, conscient quelque part d'avoir été épargné. Le soir chez soi, la tête lourde dans les mains, pensif devant la fenêtre de la cuisine, les yeux consumés par les pleurs, on est ébloui par l'exubérance des chamailleries animées des gamins du quartier. Ces bruits, qui nous insupportaient encore hier, nous rappellent maintenant avec magnificence le fil ténu qui nous rattache à l'existence. Alors, émerveillé, troublé par tant de beauté, on implore le ciel, on se remet à espérer, quand soudain la sonnerie redoutée du téléphone nous ramène à la stricte condition humaine. Le couperet est tombé, ma vieille voisine est partie retrouver son chien Fifi au paradis, à 17h20.

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