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L'homélie-mélo du facteur en culottes courtes

16 juin 2010, 10:28

Haut comme trois pommes, il se met sur la pointe des pieds pour atteindre la sonnette. Ma porte s'ouvre sur un minois radieux, surmonté d'une casquette bleu marine ornée d'un cor de postillon. Sa menotte potelée me tend une missive estampillée d'un c½ur rose. «Z'ai une lettre d'amour pour toi... Mais tu la montres à personne, c'est notre secret», zozote le gamin avant de prendre ses jambes à son cou.

L'adorable missive me replonge dans un passé pas si lointain. Aux confins des Franches-Montagnes, un autre facteur en culottes courtes, le fils du pasteur, avait suscité l'émoi de tout un village.

Ayant déniché au galetas un paquet de lettres jaunies ceintes d'un ruban fané, il avait consciencieusement distribué le précieux courrier dans les boîtes du quartier, poussant même le professionnalisme jusqu'à apposer un tampon nounours sur chaque enveloppe. Au prêche du dimanche, son père avait été quelque peu surpris de l'affluence peu commune, les paroissiens arborant - outre leurs costumes les plus chics - des sourires goguenards de fort mauvais augure.

Les bougres avaient tenu leur langue des mois durant. Et il avait fallu attendre le culte de Noël pour qu'une vieille fille charitable crache enfin le morceau, tendant à un révérend ma foi fort déconfit un paquet de lettres jaunies:

- Cher pasteur, nous vous rendons votre dû... Vos mots d'amour nous ont éblouis, hélas plus que vos homélies!

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